c) Ce ne sont pas des monnaies mais des actifs : des crypto-actifs plutôt que des crypto-monnaies

Au regard des trois fonctions essentielles de la monnaie, les bitcoins et alii ne peuvent pas être considérés comme de la monnaie.

  • Unité de compte : du fait de leur très grande volatilité, les crypto-actifs ne peuvent pas servir à exprimer et à comparer de façon fiable la valeur de biens et de services courants. Dans les faits, très peu de biens ou de services ont un prix libellé en crypto-actifs. Surtout, les crypto-monnaies n’ont pas de cours légal, c’est-à-dire qu’aucun commerçant n’est tenu de les accepter en paiement d’un bien ou d’un service et aucune banque centrale n’en garantit la valeur, à la différence de ce qui se passe pour l’euro, le dollar ou la livre sterling.
  • Instrument de règlement des échanges : les crypto-actifs n’ont pas de cours légal, donc rien n’oblige les commerçants, les entreprises ou les administrations à les accepter en paiement, contrairement à l’euro qui est la seule monnaie légale en France
  • Réserve de valeur : la valeur des crypto-actifs n’est pas suffisamment stable pour que celui qui en détient soit certain de conserver sa richesse dans le temps

 

Les usages (enquête 2015) :

  • Paiements entre particuliers à 75%
  • Change pour 12%
  • Activités criminelles pour 14.5%
  • Achats de biens et services pour 0.05%

 

Les transferts de sommes en bitcoins et alii, impliquent parfois des réseaux criminels sur le darknet et sont des véhicules d’évasion. Il y a d’énormes activités de change avec le yuan : en 2017, la Banque de Chine a obligé à déclarer un compte en banque pour les opérations Yuan- Bitcoin : les volumes échangés ont chuté de 98% ! 80% de l’activité de minage (calculs pour valider des transaction) est concentré en Chine (Immaturité du système financier chinois au regard de se sa place dans l’économie, problème du change de la monnaie chinoise dans une économie ouverte,…).

 

Cela donne des ailes à la fraude fiscale qui n’avait pas besoin de cela, au moment où la lutte contre elle a un peu augmenté avec la transmission automatique de données entre certains États et paradis fiscaux

 

Les cryptomonnaies sont donc des crypto-actifs, pour un marché d’une valeur inférieure à 10% du PIB de la France, moins avec des valorisations qui chuteraient du fait de la grande volatilité du prix de ces actifs.

Ainsi, un crypto-actif est un actif numérique utilisant un réseau informatique ainsi qu’une blockchain afin de pouvoir valider et effectuer des transactions entre deux, voire plusieurs entités. Ces actifs ne requièrent pas de « tiers de confiance », c’est-à-dire une institution qui vérifie les transactions et empêche toute sorte de fraude.

 

3) Remarques

a) sur la techique de blockchain

La technique de blockchain intéresse pour certifier des diplômes universitaires par rapport au mouvement massif de fraude, pour sécuriser des données diverses.

 

Le minage est un gouffre énergétique : sur un mois de quoi alimenter la consommation de 2,26 millions de foyers américains, sur un an c’est la consommation électrique de la Nouvelle-Zélande. C'est écologiquement insoutenable. Ramené par unité de transaction, c'est encore plus dramatique. C'est une interrogation forte, y compris pour les usages "non monétaires".

 

Le caractère décentralisé et collaboratif est déjà largement dilué au profit de quelques techniciens. La vision d'une "société sans centre" est déjà largement écornée.