3. Les monnaies alternatives

 

A. Présentation d’ensemble

 

1) Génèse

Apparues en masse dans les années 1930, elles ont été filles de la Grande Dépression, la crise de 1929. Une réaction d’urgence au niveau local, à l’effondrement des revenus, de l’emploi et de la circulation monétaire issu de la déflation spontanée (la crise) et des réponses des gouvernements souvent aggravantes (déflation provoquée par les politiques économiques inappropriées).

 

La plupart n’ont pas survécues aux années 1930.

 

Certaines avaient d’autres finalités et portaient un projet alternatif (Ex de la Banque Wir en Suisse).

 

Un renouveau dans les années 1980 avec un essor important (à nouveau enfant de la crise ? Chômage, précarité, pauvreté…)

 

En 2017, 5000 dispositifs dans près de 50 pays ; la plupart de taille très modeste, de rares projets rassemblent plusieurs milliers d’utilisateurs.

 

2) Tentative de définition

On peut dire que les monnaies alternatives sont des dispositifs monétaires au service d’une transformation socio-économique.

  • Ce sont des dispositifs sociotechniques : elles assemblent une variété d’outils et de règles devant orienter les pratiques des usagers afin de réaliser un projet éthique
  •  Ces dispositifs ont un caractère monétaire dès lors qu’ils activent un principe de valorisation des richesses et de résolution des dettes au sein d’un groupe de personnes dont tout ou partie des activités est soumise à ces règles.

 

Parmi les monnaies alternatives, certaines se greffent sur les monnaies nationales, d’autres veulent s’en autonomiser ; les liaisons à la souveraineté étatique sont variables, les relations avec les banques sont variables.

 

Le terme « alternatives » ne doit pas être surinterprété :

  • Il y a souvent un écart important entre les intentions et les soubassements philosophiques d’un projet monétaire d’un côté et les réalisations de l’autre.
  • Les « alternatives » sont très diverses Les perceptions de ces alternatives par leurs créateurs peuvent diverger de celles de leurs usagers
  • Le rapport à l’alternative évolue aussi selon l’ancienneté du dispositif.

 

D’autres termes qu ’ « alternatives » sont utilisés :

  • Monnaies complémentaires : mais la complémentarité n’épuise pas le sens
  • Monnaies communautaires : mais la communauté n’explique pas tout loin de là
  • Monnaies sociales : mais quid de leur usage dans les circuits commerciaux classiques
  • Monnaies citoyennes : mais l’engagement citoyen n’est pas partagé dans toutes ses formes

 

Alternatives est le terme qui tend à s’imposer comme comportement le moins de biais.

 

3) Panorama d’ensemble, tentative d’état des lieux

Il y a une grande diversité du phénomène

 

Schéma d’ensemble par J. Blanc, Les monnaies alternatives, collection Repères, La Découverte, 2018

 

Il dégage sept groupes sur la base d’expériences, de systèmes d’idées qui les animent, des outils à disposition pour leur donner forme.