2) Les causes de ces difficultés, essentiellement vis-à-vis de nos partenaires développés : des problèmes de compétitivité hors-prix

Les études montrent de façon répétée rapport après rapport depuis des années que ce n’est pas tant la compétitivité-prix qui pose problème que la compétitivité hors-prix pour les entreprises françaises.

  • Les coûts salariaux unitaires (coûts salariaux par unité produite = coûts salariaux corrigés de la productivité) français et allemands évoluent de concert jusqu’en 2004 puis l’Allemagne mène une politique atypique : la modération salariale bloque les revenus qui stagnent et compriment la demande intérieure atone. Cela se répercute sur un niveau atypique de l’excédent commercial (l’excédent commercial devient hors norme)

(X-M = Y- A : freinage de l’absorption, la demande intérieure => excèdent) A la fin des années 2000 , les coûts salariaux unitaires des deux pays reviennent à peu près en phase.

  • C’est la compétitivité hors prix qui est en cause : ceci est répété dans les rapports successifs. Ces problèmes sont anciens et bien repérés…

- Faible investissement en R&D des entreprises par rapport aux partenaires

- Moindre qualité perçue des produits

- Déficit d’entreprises intermédiaires innovantes et exportatrices, entre PME et GE

- Moindre spécialisation dans le haut de gamme au fil du temps

Ainsi, les difficultés de l’industrie française pour son volet international sont donc d’ordre structurel. Nous n’arrivons pas suffisamment à exporter notre travail cher dans des produits assez haut de gamme : il y a une distorsion mais qui ne peut se résoudre que dans un sens compte tenu de la montée de pays émergents en rattrapage.

 

3) Des pistes d’action convergentes depuis des années de rapport en rapport…

Les mesures doivent donc cibler les défauts de compétitivité hors prix :

  • cela ne dispense pas de veiller à la maîtrise de la compétitivité prix mais les problèmes clés ne sont pas là : quid des exonérations de charges cumulées, de la TVA dite »sociale », etc…
  • Il faut refaire de la politique industrielle après des années de purgatoire pour cette notion !

 

On peut présenter la littérature autour de deux axes :

 

Axe 1 : améliorer l’efficacité du système productif français.

Si les grandes firmes bénéficient de niveaux de performance tout à fait comparables aux grandes firmes étrangères, les recommandations convergent vers les points suivants :

  • Faciliter l’accès au crédit des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI, de 250 à 2500 salariés) françaises.
  • Favoriser l’accès des PME à l’information : un small business act
  • Favoriser les activités de recherche et d’innovation industrielle, demeurant quantitativement trop faibles. À taille donnée, une PME française investit moins dans la recherche que ses homologues allemandes, américaines, japonaises ou britanniques
  • Faire croître ainsi le nombre (ETI) : l’exportation et la recherche sont corrélées avec la taille. C’est ce qui nous différencie de l’Allemagne.
  • Stimuler l’accroissement du stock de capital humain, la formation : réduire le nombre d’illettrés et avoir une formation d’enseignement supérieur de niveau plus important. Mieux articuler formation, recherche et entreprise
  • Repenser la fiscalité afin d’orienter les investissements dans les activités d’avenir. (exit l’abaissement de la TVA restauration ou bâtiment à l’efficacité douteuse pour les fonds publics(multiples rapports sur les niches fiscales)

 

Axe 2 : améliorer la spécialisation productive pour assurer croissance et emploi en orientant l’investissement

Les avantages comparatifs des vieux pays industrialisés se situent aujourd’hui dans « la valeur en services de leur production industrielle » qu’il s’agisse de services privés (R&D, marketing, organisation, réseaux d’approvisionnement, réseaux de distribution) ou de services issus des biens publics (infrastructures, sécurité des approvisionnements, coûts de transport, homogénéité des normes, durabilité environnementale des processus, sécurité sanitaire, etc.).

 

Il convient donc de se concentrer sur le contenu en service de la production. C’est par la valeur ajoutée en service que la production manufacturière européenne se caractérise. Conception, distribution, SAV, sécurité, contrôle, fiabilité, durabilité, qualité écologique, sont autant de savoir-faire tertiaires qui singularisent les compétences des vieux pays industrialisés.

 

Outre les investissements en éducation formation, les investissements doivent inscrire la spécialisation productive sur une trajectoire allant vers ces activités à haute valeur ajoutée, donc vers une économie des savoirs aux déclinaisons multiples : savoir-inventer, savoir-innover, savoir-faire, savoir-vendre, savoir-distribuer,etc.

Et ce de façon transverse, générique et pas seulement sur quelque créneaux.

 

 

 

 

Cela entraînera des reports de budgets douloureux car depuis des années on privilégie les services à la personne en subventionnant les entreprises de services à la personne en ne sachant pas trop les services rendus au personnes en bout de chaîne. L’efficacité est douteuse.

 

Cela demande surtout intellectuellement de casser les vieux schémas inadaptés des catégories séparées entre bien et services, de cesser d’opposer vainement industrie et services.

 

 

Retour au début de cours : il faut dépasser les catégorisations présentées qui nous empêchent peut-être de comprendre.

 

 

 

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