B. Le jeu de la réorganisation du système productif : l’externalisation

Rappelons que nous avons vu au premier paragraphe que les statistiques de la population active industrielle intégraient des personnes exerçant des activités de service dans des industries et étaient comptées appartenant à ce secteur : les statistiques étaient ainsi « gonflées ». Ceci se manifestait depuis la fin du XIX° siècle avec la croissance de la taille des firmes et la complexification des relations économiques qui faisaient que les entreprises ne pouvaient fonctionner sans ces activités.

 

1) Le mouvement lui-même

Vers la fin des années 1970, on a vu se développer un mouvement d’externalisation : les entreprises se sont recentrées sur leur métier de base et ont posée de façon systématique la question : faire ou faire-faire ?

 

La réponse à cette question a entraîné le fait que des tâches industrielles ont été confiées à des entreprises industrielles en sous-traitance. Cela est relativement neutre pour notre sujet.

 

Des activités de services faites dans l’industrie ont été confiées à des entreprises de services : ainisi, des emplois autrefois comptabilisés comme industriels ont été transformés en emplois des services par externalisation. Ceci alimente la désindustrialisation du fait d’un choix d’organisation productive.

 

L’emploi dans le secteur des services marchands est passé d’un peu moins de 8 M de personnes en 1980 à 12,2 M en 2007 (soit une croissance de plus de 53 %). Cette hausse a été plus particulièrement marquée pour la branche des services aux entreprises, où l’emploi est passé sur la même période 2 M à 4,2 M de personnes (+ 115 %) ainsi que pour l’emploi intérimaire qui est passé de 180 000 à 653 000 personnes (+ 264 %).

 

France

1980

2007

 

Services marchands

(emplois en millions)

8

12.2

+ 53.3%

En particulier…

 

 

 

     Services aux entreprises

2

4.2

+ 115%

         Dont intérim

0.180

0.653

+ 264%

 

 

 

 

 

On observe également une augmentation de la part des consommations intermédiaires de services aux entreprises dans la production du secteur industriel

 

Il faut noter cependant que ce qui a chuté est surtout l’emploi industriel ouvrier et l’emploi peu qualifié ; certains emplois supérieurs n’ont pas été externalisés dans les mêmes proportions, voire ont fonctionné en complément avec des services (ex : bureau de design de l’automobile mis en concurrence avec des cabinets de design extérieurs).

 

Ainsi :

Une partie du processus de désindustrialisation s’expliquerait alors par une mutation du système productif caractérisé par un recours croissant à l’externalisation d’activités productives du secteur industriel vers le secteur des services.

 

Ils seraient à l’origine en France de près de 25 % des pertes d’emplois sur la période 1980-2007 et de 5 % sur la sous-période 2000-2007 (l’essentiel du recentrage et du mouvement d’externalisation semble acquis avant les années 2000, et certains choix d'externalisation passés n'ayant pas nécessairement produits les effets escomptés a priori).