*  L’effet de substitution : c'est l'effet n°3

Outre l’effet de revenu décrit ci-dessus qui dépend des gains globaux de productivité, l’évolution de l’emploi industriel dépend du différentiel de productivité entre les secteurs. Le secteur industriel, qui bénéficie de gains de productivité relativement plus importants que le reste de l’économie, peut diminuer le prix relatif de ces biens, ce qui stimule la demande qui lui est adressée. La variation de l’emploi dans ce secteur dépend alors de la sensibilité de la demande à la variation des prix relatifs.


Selon les résultats des estimations de Rowthorn et Ramaswamy (1998) et de Fontagné et Bouhlol (2006), les élasticités de la demande par rapport au prix relatif des biens industriels sont comprises entre -1 et 0. Cela indique que la baisse des prix relatifs des biens industriels n’est pas compensée par une augmentation équivalente de la demande en volume en biens industriels,  conduisant à une diminution nette des besoins en main-d'oeuvre dans ce secteur. Le poids de l’industrie dans la demande en volume augmente mais insuffisamment au regard des gains de productivité réalisés dans ce secteur.

 

 

L’effet de substitution contribue à stimuler la demande en biens industriels. Néanmoins, la croissance de la demande qui en résulte est inférieure à celle de la productivité, ce qui diminue les besoins en main-d’œuvre industrielle.


c) Synthèse

Les trois effets jouent en même temps

  • Effet n°1 : le progrès technique génère des gains de productivité qui détruisent des emplois à court terme toutes choses égales par ailleurs
  • Effet n°2 : le progrès technique génère des gains de productivité qui affectent la structure de la demande (et donc l’emploi) par le biais d’un effet-revenu. Depuis le milieu des années 1960, l’effet de revenu, défavorable au secteur industriel dans les économies développées, tend à diminuer l’emploi industriel.
  • Effet n°3 : le progrès technique génère des gains de productivité qui affectent la structure de la demande (et donc l’emploi) par le biais d’un effet de substitution : depuis le milieu des années 1960, l’effet de substitution contribue à stimuler la demande en biens industriels via la baisse des prix des produits industriels mais la croissance de la demande qui en résulte est inférieure à celle de la productivité, ce qui diminue les besoins en main d’oeuvre industrielle 

 

Au total, les trois effets des gains de productivité se conjuguent pour provoquer un recul des besoins en main-d’œuvre industrielle depuis le milieu des années 1960.

 

Il faut noter que ce phénomène s’inscrit dans le temps long, indépendamment d’autres facteurs : la tendance est inscrite avant la mondialisation des années 1980 et l’apparition des pays émergents.

 

Les forts gains de productivité réalisés dans le secteur industriel joueraient un rôle croissant.

 

Ils seraient à l’origine de près de 30 % des pertes d’emplois sur la période 1980-2007 et de 65 % sur la sous—période 2000-2007 (alors même que la mondialisation s’accélère et que les émergents décollent !).


Synthèse gains de productivité et désindustrialisation
Synthèse Gains de productivité désindust
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