D. Le renouveau avec l’approche néo-institutionnaliste (E. Ostrom, 1990)

Dans ouvrage de 1990 Gouvernance des biens communs, la prix Nobel met en avant une troisième voie : la gestion par les communautés d’usagers

Elle étudie des exemples (14) de gestion communautaire de ressources communes par des communautés d’usagers étroites qui s’auto-organisent

Critiques (rarement formulées, E. Ostrom est un « totem »…)

  • Les règles d’auto-organisation ne sont pas indépendantes des règles de propriété , des autres institutions, des marchés : l’auto-organisation de la communauté n’est qu’un aspect
  • Les communs évoqués sont souvent des biens collectifs mal nommés : quelle gestion du climat, des questions liées à la connaissance par des micro communautés, même élargies (logiciels open source)
  • Déjà problématique au niveau de micro communautés, quid pour des questions de grande ampleur ?
  • Quid des rapports sociaux préexistants ? Le roi / propriétaires terriens, des tribus autochtones / multinationales ; la connaissance /Google et autres

 

Les systèmes de règles ne sont pas que le produit de délibérations entre des acteurs à égalité à l’intérieur d’une communauté (J-M. Harribey) : le poids des rapport sociaux

 

2. Profit et bien commun, le bien de tous

A. Le bien commun dans une version additive

1) Le bien commun issu de l’utilitarisme

Déjà avec A. Smith fin XVIII° : l’intérêt général (bien commun) comme agrégation des intérêts individuels

 

Le fondateur : J. Bentham (Arithmétique des passions et des peines, fin XVIII et début XIX°)

 

L’utilitarisme néo-classique fin XIX° siècle : exemple de l’optimum de V. Pareto et de la maximisation du profit

 

Un bien pour certains qui peut augmenter, baisser pour d’autres : une vision additive dans laquelle certains peuvent être sacrifiés

 

2)  La traduction contemporaine

F. Hayek, la route de la servitude, 1946 : « La fin sociale et le but commun pour lequel la société est organisée sont souvent décrits, de façon vague, comme bien commun ou intérêt général. Il n’est pas besoin de grandes réflexions pour découvrir que ces termes n’ont pas un sens assez défini pour déterminer un cours d’action spécifique »

 

M. Friedman, article de 1970 : la fonction unique de l’entreprise est de réaliser du profit,
« Dans un système de libre entreprise et de propriété privée, un dirigeant d’entreprise est l’employé des propriétaires de l’entreprise. Il est directement responsable devant ses employeurs. Cette responsabilité est de mener l’entreprise en accord avec leurs désirs, qui en général doivent être de gagner autant d’argent que possible tout en se conformant aux règles de base de la société, à la fois celles représentées par la loi et celles représentées par la coutume éthique. Bien sûr, dans certains cas ses employeurs peuvent avoir un objectif différent. Un groupe de personnes peut créer une entreprise dans un but charitable – par exemple, un hôpital ou une école. Le gérant d’une telle entreprise n’aura pas le profit pécuniaire comme objectif, mais de rendre certains services. »

 

B. La traduction dans l’évolution de la gouvernance d'entreprise

Du capitalisme managérial au capitalisme actionnarial : shareholder / stakeholder
La gouvernance actionnariale est devenue dominante dans les pays anglo-saxons. L’entreprise comme un noeud de contrats entre un « principal », l’actionnariat anonyme maximisant la valeur boursière et le manager (« l’agent ») qui gère l’entreprise et doit remonter le maximum de dividendes aux actionnaires.

 

3. Profit et bien commun, le bien de tous   (Sans perte)

A. Le bien commun n’est pas ici additif («multiplicatif» ?)

L’intérêt de chacun se réalise avec celui des autres, et non contre (comme c’est le cas pour le bien privé) ou indépendamment de l’intérêt des autres (comme c’est le cas pour le bien public). En ce sens, « commun » s’oppose à « propre », tout comme « public » s’oppose à « privé ».
Ce n’est plus additif (gains et pertes)

 

Est commun ce qui n’est pas seulement propre, et ce qui n’est pas non plus de tous indistinctement. Le bien commun ne peut pas être divisé ; il peut être refusé ou non participé, mais non subdivisé. Ce qui ne vaut pas pour un bien public, qui peut être privatisé.

 

On peut y trouver par exemple un héritage du catholicisme social (Encyclique Rerum novarum, Léon XIII en 1891, doctrine sociale de l’église)

 

B. Traduction dans la gouvernance d’entreprise : la RSE

(Responsabilité sociale et environnementale des entreprises, H. Bowen,1953)

La gouvernance de l’entreprise doit être moins actionnariale et plus partenariale : la prise en compte de toutes les parties prenantes (Stakeholders), pas uniquement actionnaires et managers

 

La responsabilité sociale de l’entreprise s’exerce dans trois
grands domaines :

  • les relations salariales à l’intérieur de l’entreprise ;
  • les droits et les normes de travail applicables à l’ensemble des travailleurs dans les chaînes de valeur ;
  •  les relations avec les consommateurs ou les usagers finals des produits vendus par l’entreprise, ainsi que les communautés appartenant aux territoires dans lesquels celle-ci est implantée.

 

La RSE comme levier d’intégration des objectifs de développement durable dans la stratégie d’entreprise