* Quant à ses origines

La théorie marxiste de la plus-value dans une économie capitaliste donne une explication assez métaphysique : les « pays du socialisme réel » et du collectivisme étaient finalement un capitalisme d’Etat (cf. M. Volsensky, La nomenklatura, 1980 , version savante et documentée de l’aphorisme d’H. Jeanson : « Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme ; et le marxisme, c'est le contraire. »
Théorie peu opérationnelle pour nos économies avec entreprises, entrepreneurs, syndicats, État : les parties prenantes ne peuvent pas être ramenées à un face à face binaire.

 


La référence à des situations différenciées est plus opérationnelle :

  • Les profits gagnés : via l’innovation, la maîtrise de l’incertitude, l’utilisation judicieuse des effets d’échelle et une stratégie avisée d’endettement
  • Les profits reçus (windfall profits) du fait d’un environnement favorable, d’opportunités dont on n’a pas la maîtrise
  • Les profits institutionnels : via la décision d’institutions (État, lobby, organisation professionnelle)

 

Le profit joue de toute façon un rôle central :

1. Mesure de la réussite économique de l'entreprise
2. Motivation fondamentale à agir. Plus de profits, c'est plus de richesse pour les propriétaires de l'entreprise (et éventuellement pour le personnel via la participation aux bénéfices) - le profit anticipé
3. Moyen d'assurer le financement des investissements qui doivent permettre au minimum la survie de l'entreprise et mieux encore sa croissance. Pour une entreprise, l'autofinancement de ses investissements est un mode de financement recherché mais non exclusif.

 

Si le profit a une place et une fonction, son articulation avec la notion de bien commun est complexe du fait de sa polysémie et d’un usage souvent peu rigoureux.
« Les communs », voilà un terme à la mode et souvent galvaudé, utilisé à la place de collectif bien souvent.

 

1. Profit et biens communs (à partir de la typologie des biens)

 A. Rappel du Thème précédent (Economie et Ecologie)

Typologie de P. Samuelson (1954)

 

 

Exclusion

Non-exclusion

 

Rivalité

 

Biens privés purs

 

 

Biens communs    (Commons)

 

Non-rivalité

 

Biens collectifs impurs (biens à péage ou biens de club)

 

 

Biens collectifs purs

(Public goods)

 

  • La non-rivalité signifie que la consommation d’un bien par un individu ne diminue pas la consommation possible des autres.
  • La non-exclusion signifie que l’usage du bien par quiconque ne peut empêcher son usage par un autre, en particulier par la disposition à payer

 

 

C’est sur le caractère non-exclusif que se porte l’attention.

 

B. Biens collectifs, biens communs

Ce sont les biens collectifs qui sont introduits face aux défaillances du marché à les traiter comme des biens privés rentables (avec profit) : infrastructures, phare, éclairage public. Leur fourniture est publique ou déléguée à un agent privé (Il réalise un profit issu de son activité en réalisant la fourniture du bien collectif ; pb de la tarification, de la révélation des coûts et donc des profits).

La notion de bien commun est née de la prise de conscience de l’existence d’un patrimoine commun de l’humanité. L’idée n’est pas nouvelle et est présente dans la philosophie (Aristote, notion de « bonum », ce qui est bon), le code Justinien (en 535). Eau, air, sols, climat : mais collectifs ou communs ?

  • L’ONU et la notion de développement humain (1990, indicateur de développement humain, IDH)
  • La notion de développement durable – Rapport Brundtland (1987)

 

C. G . Hardin (1968) et la « tragédie des communs » (Rappel éco et écologie)

En cas de rivalité sur la ressource et de non exclusion d’accès à la ressource, chaque utilisateur est conduit à puiser sans limite sur la ressource conduisant à sa disparition (Passager clandestin, M. Olson). Ex: terres communales, vaine pâture
==> Tragédie : prix à payer nul, profit immédiat obtenu mais dégradation du bien commun

 

Sa réponse : il n'existe que deux modalités de gestion  pour éviter la tragédie de l'épuisement de la ressource

  • Nationalisation et gestion publique
  • Privatisation (enclosure)

 

C’est historiquement cette dernière qui a dominé :

  • Individualisme agraire (M. Bloch) depuis la révolution agricole (+ de productivité, de production et de profit
  • Échec du collectivisme et de l’économie centralement planifiée
  • Vague néolibérale au tournant des années 1980