C. Le FMI, quelques éléments institutionnels (à partir d’e l’Encyclopédie Universalis)

 « Le F.M.I. a son siège à Washington. Ses cent quatre-vingt-huit pays membres disposent de quotes-parts, exprimées en droits de tirage spéciaux (D.T.S.) et distribuées selon leurs poids relatifs dans l’économie mondiale. La quote-part d’un pays membre détermine le montant maximal de ressources financières qu’il s’engage à fournir au Fonds, le nombre de voix qui lui est attribué, et le montant théorique de l’aide financière qu’il peut obtenir du Fonds. Contrairement au principe « un pays, une voix » appliqué aux Nations unies, les États membres du Fonds ont donc des droits de vote différents.

 

 Les votes formels ont rarement lieu. La plupart des décisions se prennent, en effet, sur la base d'un consensus. Néanmoins, une règle de majorité qualifiée de 70 p. 100 des votes s'applique aux décisions importantes, et une majorité de 85 p. 100 est requise pour ce qui concerne l'avenir du Fonds ; les États-Unis, bénéficiant des plus importants droits de vote (16,75 %), sont donc le seul pays à pouvoir exercer leur veto dans ce dernier domaine.

 

Le F.M.I. est dirigé par un directeur général nommé pour un mandat de cinq ans renouvelable. Fruit d’un accord entre les pays européens et les États-Unis au sortir de la guerre, cette fonction est occupée par une personne originaire d’un État de l’Union européenne, bien que cette disposition soit régulièrement critiquée. Le président de la Banque mondiale est, en vertu du même accord, américain.

 

Le directeur général préside le conseil d’administration du Fonds. […]. Les vingt-quatre administrateurs siègent en permanence à Washington. Cinq d'entre eux sont nommés directement par leurs pays : États-Unis, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni. La Russie, la Chine et l'Arabie Saoudite ont également obtenu d'avoir leur propre administrateur. Tous les autres États membres doivent se rassembler par groupes de pays, par exemple les pays scandinaves ou les pays africains francophones, pour élire les autres administrateurs. Tout comme le conseil des gouverneurs, le conseil d’administration tient compte des orientations actées lors des réunions du G8 et du G20. »

 

2. La fin de Bretton Woods et le passage aux changes flottants changent en partie les fonctions du FMI

 

 A. Le SMI de Bretton Woods s’effondre à partir de 1971

Fin des 60’s, il y a une crise de confiance dans le dollar (raisons économiques -supra - et géopolitiques - Vietnam). Printemps 1971 : le commerce extérieur des E-U devient déficitaire depuis la 2°GM : historique.

 

Les opérateurs anticipent alors l’imminence de la dévaluation du dollar, non plus tellement, cette fois-ci, pour des raisons purement monétaires (convertibilité-or) mais pour des raisons commerciales :

  • le dollar, soutenu artificiellement par les autres pays (changes fixes) est surévalué, ce qui ampute la compétitivité prix des produits américains.
  • les E-U peuvent être tentés de se donner à bon compte un gain de compétitivité-prix par une dévaluation du dollar : ils ont toutes les raisons d’utiliser le dollar comme instrument commercial au service de leur appareil productif (dévaluation compétitive).
  • du coup, les détenteurs de dollars prennent peur (risque d’une perte de change) et se reportent sur d’autres monnaies, comme précédemment mais de manière amplifiée : la crise de change est très forte. La spéculation contre le dollar s’accentue ; le dollar se déprécie fortement, les autres monnaies s’apprécient.

 

1) L’effondrement du premier pilier du système de Bretton Woods : la fin de l’étalon de change or

Le 15 août 1971, le président Nixon annonce officiellement que, désormais ils n’assureront plus la convertibilité du dollar en or : c’est la fin de l’étalon de change-or.

 C’est une décision unilatérale de facto : alors que le régime de change-or était né d’un accord entre différents pays en 1944 (multilatéralisme), et que la suspension de 1968 reposait sur la bonne volonté des autres pays, les États-Unis en 1971, imposent brutalement leur décision.

 

Interprétation : ces accords mettent un terme au lent processus de démonétisation de l’or

 

2) L’effondrement du second pilier : le régime mondial de changes fixes

L’inconvertibilité du dollar imposée par les États-Unis en 1971 ne calme pas le jeu : les opérateurs restent convaincus que les États-Unis, pour des raisons commerciales, vont dévaluer. La crise de confiance persiste : le dollar continue de se déprécier au profit de monnaies jugées plus sûres (yen, DM, …) qui continuent de s’apprécier. La bande de fluctuation adoptée à Bretton Woods (+/-1 %) est intenable.

 

En décembre 1971, soit quelques mois à peine après la déclaration Nixon, les représentants des principaux pays occidentaux décident, à Washington, au Smithonian Institute :

une modification des parités officielles : le dollar est dévalué de 8 % une première fois

un élargissement de la bande de fluctuation du taux de marché (de +/-1 % à +/-2.25%: c’est un objectif de fixité du change moins ambitieux mais plus réaliste

 

Le problème : ces mesures sont jugées insuffisantes par les opérateurs sur les marchés : elles ne sont pas crédibles et sont un simple pallaitif. En effet, la dévaluation de 8 % est considérée comme trop faible pour donner aux États-Unis le gain de compétitivité indispensable pour rééquilibrer leur commerce extérieur et donc pour stabiliser le dollar. Il leur semble encore surévalué. Les opérateurs anticipent donc une deuxième dévaluation du dollar.

 

La réaction : échec. La spéculation contre le dollar ne cesse pas donc les Banques centrales ont le plus grand mal à faire respecter la nouvelle marge de fluctuation et à empêcher le dollar de continuer à se déprécier.

 

Les États-Unis dévaluent une deuxième fois le dollar (- 10 %) mais la crise de confiance est telle que la spéculation ne cesse pas. Or, pour respecter la fixité des changes et soutenir le dollar, les banques centrales non américaines ne veulent plus continuer d’une part, à acheter des dollars qui se déprécient et les accumuler dans leurs réserves et, d'autres part, vendre des devises fortes qu’elles détiennent.

 

La réaction : en mars 1973, elles décident d’un commun accord de ne plus soutenir le dollar, c’est-à-dire de le laisser flotter à la baisse par rapport à leur monnaie, ce qui revient à dire qu’elles laissent flotter à la hausse leur monnaie vis-à-vis du dollar. C’est de fait la fin du régime de changes fixes au plan mondial.

 

L’officialisation des changes flexibles est actée lors des accords de la Jamaïque (1976)