2/ Bilan du SME fin des années 1980 – début 1990 : globalement positif

 

Les avantages du SME sont importants


La stabilité du change qu’impose l’appartenance au SME est un levier puissant de désinflation

L’exigence de stabilité monétaire pousse les pays à lutter énergiquement contre l’inflation (cf. le bilan du serpent monétaire européen) En effet, obtenir un différentiel d’inflation faible par rapport aux autres pays est le meilleur moyen d’avoir un taux de change stable .

Pour un pays comme la France, l’adhésion au SME et la volonté d’en respecter les engagements ont été un puissant facteur de réorientation de la politique économique vers les objectifs de désinflation et de réduction du déficit courant. Certes, la France a été obligée de dévaluer à plusieurs reprises (avec l’accord de ses partenaires, en particulier l’Allemagne), mais elle s’est efforcée de ne plus y recourir à l’avenir grâce à l’adoption d’un nouveau type de politique économique à partir de 1982/83 (priorité à la lutte contre l’inflation : « rigueur », « désinflation compétitive », « franc fort »), destinée à consolider le franc, en particulier vis-à-vis du DM. Cette nouvelle attitude a constitué une rupture nette avec la longue tradition de tolérance vis-à-vis de l’instabilité monétaire interne (inflation) et externe (dévaluation). Cette désinflation a été un des facteurs de la stabilisation du franc dont la dernière dévaluation a été opérée en 1987, ultime épisode de la longue série de dévaluations (17 !)  qui a ponctué l’histoire du franc au XX° siècle.


***


La séance s'est poursuivie suite à une question sur le contexte de l'époque : inflation / désinflation.

L'inflation est le déséquilibre majeur des années 1970.


Aux États-Unis, le dollar connait la dépréciation interne (inflation) et la dépréciation externe (dépréciation de la monnaie sur le marché des changes).

Les pays pétroliers ont du mal à tarifer leur production au niveau de l'importance du produit depuis des années, cartellisent dans la structure OPEP pour pouvoir être faiseurs de prix. Ils augmentent par deux fis le prix du brut (chocs pétroliers en 1974 et 1979). Las d'être payés en dollar déprécié, ils menacent les États-Unis de ne plus facturer le pétrole en dollar s'ils ne remédient pas à la situation.

La menace est jugée crédible au regard des deux chocs pétroliers provoqués et les États-Unis se lancent dans une lutte fulgurante contre l'inflation : en 1979, la politique monétaire de la FED est brutale et marque un coup d'arrêt sur la hausse du niveau général des prix américains. Taux d'intérêts nominaux qui bondissent et désinflation : le staux réels américains augmentent très forts et le différentiel avec l'Europe est tenable.


La lutte contre l'inflation se propage à l'Europe. La désinflation en Europe est due initialement à un choc externe.

La Banque de France mène une politique monétaire de lutte contre l'inflation en relevant ses taux d’intérêts : le refinancement bancaire est plus coûteux et cela se répercute sur la clientèle non financière. La demande globale est freinée, supprimant une cause possible d'inflation (inflation par la demande). C'est la politique du franc stable (plus que du franc fort), la désinflation compétitive.


La lutte contre l'inflation devient endogène.

Dans un contexte de début de 2° mondialisation moderne, l'ouverture accrue des économies oblige les entreprises à tenir leurs coûts et leurs prix sous peine de défaut de compétitivité. L'inflation par les coûts est attaquée.

Les ménages prenant conscience de la fin du baby boom, dde l'allongement de l'espérance de vie et du vieillissement démographique ont besoin de transférer dans le temps des sommes plus importantes et plus longtemps : elles sont demandeuses de prix stables, en rupture avec les années 70 où l'inflation était largement supérieure aux taux d'intérêts créditeurs sur les livrets de Caisse d'épargne (placement fétiche et populaire). Le pouvoir d'achat de leur épargne retraite doit être assuré.


Les structures économiques ne doivent pas alimenter l'inflation : la concurrence libre et non faussée en Europe participe de cette tenue des prix. La grand distribution / petits commerces ; avec le risque de acteurs trop gros finissant par manipuler les prix en leur faveur.


L'inflation est souvent due également à des conflits de répartition non ou mal réglés. Les rapports sociaux, en particulier autour des relations du travail, vont intégrer ce phénomène. Les rémunération devraient être liées à la productivité, désindexées des prix (On voit que ceci est nettement moins valable pour les actionnaires...).


Ainsi inflation par les coûts, inflation par la demande, inflation monétaire, inflation par les structures et inflation par les relations sociales : tout converge vers la désinflation.


Après une convention (accord implicite sans règle) autour d'un accommodement avec de l'inflation, la convention évolue vers la stabilité des prix. Elle devient de fait un objectif partagé et la lutte contre l'inflation est endogène au comportement de tous les agents : les prix deviennent stables rapidement.


Pour la France, des taux d'inflation tendanciellement similaires au taux d'inflation en RFA permettent s'assurer une stabilité du change, au prix d'un alignement sur le voisin allemand et d'une politique de "rigueur" qui ferait sourire les grecs aujourd'hui, mais qui n'est pas sans lien avec une partie de la montée du chômage et une activité économique parfois ralentie sur la période.