2. De la dette des banques à la dette publique et les effets en retour : la mise en place d’un cercle vicieux

 

Les États étaient déjà endettées mais globalement la situation était encore supportable (Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait pas ici ou là des situations plus inquiétantes que d’autres).

 

A. La dette bancaire provoque un gonflement de la dette publique

 

1) Du fait des coûts du sauvetage des banques

« Le canal le plus immédiat par lequel les tensions affectant le système bancaire peuvent se répercuter sur les emprunteurs souverains est celui du coût du sauvetage des banques » . Il est à la charge des Etats, S. Merler et J. Pisani-Ferry.

  •  Recapitalisation par prêts contre remboursements : tous les pays (France par exemple)
  • Nationalisation partielle ou totale : France et Belgique (Dexia ; Royaume-Uni (RBS, Northern Rock, Lloyds, etc..) Irlande (à peu près toutes), Pays Bas (ABN Amro)
  • Garanties sur les emprunts (ex en France : Dexia, PSA Finance, Crédit immobilier de France).

 

Pour l’Union européenne, le Raport Likanen servant de base aux propositions du Commissaire européen M. Barnier évalue le coût du sauvetage des banques à  400Mds déjà déboursés et , 1600 milliards d’euros d’engagement en garanties.

Pour la seule banque Dexia :

  • Déboursement 6.6 Mds d’euros pour la France
  • Engagement 85 milliards pour la France, La Belgique (les engagements de l’Etat belge pour Dexia représentent 15% du PIB de la Belgique) et le Luxembourg. Cela pourrait croître.

Selon le rapport de la cour des comptes : « Au-delà des coûts constatés à ce jour, Dexia représente des risques importants et durables pour les finances publiques françaises », écrivent les auteurs du rapport, rappelant que les engagements pris par Dexia s’étalent sur une très longue période. La Cour des comptes ne donne pas de date précise. En juin, un article des Échos évoquait un délai de 63 ans – c’est-à-dire jusqu’en 2076 ! – pour arriver jusqu’à l’extinction complète du portefeuille de prêts de 266 milliards d’euros de Dexia. ».

 

Pour la France, l’opération de prêt aux banques est à peu près blanche du fait des remboursements, à Dexia prés !

 

Pour nos voisins, il n’en est rien : c’est un coût net pour les finances publiques.

 

2) Du fait des conséquences de la crise bancaire et financière sur l’activité économique (crise globale)

  • La diminution des recettes fiscales et sociales dues à la chute de l’activité : l’assiette des prélèvements se contracte avec le recul du PIB dans vcertains pays pendant la crise.
  • L’augmentation des dépenses publiques liée aux différents plans de soutien à l’activité économique (hors institutions financières) : effets mécaniques des stabilisateurs automatiques comme dépenses discrétionnaires (plan de soutien à l’automobile, etc…).

 

Il faut rajouter que la dégradation de la situation des banques les poussent à durcir les conditions de crédit, à chercher à se désendetter ce qui se fait au détriment des agents non financiers et des perspectives de croissance d’où la dégradation des recettes publiques et l’accroissement des dépenses publiques…

 

3) Ainsi, suite à ces deux séries de facteurs

Le déficit public se dégrade.

Pour la zone euro, le déficit passe de 0.6% du PIB en 2007 à 6.6% du PIB en 2010

 

L’endettement public s’accroît pour atteindre 93% du PIB dans la zone euro et 88% en Union européenne (100% EU, 100% RU environ, 240% Japon).

L’Irlande a été un cas extrême. Le sauvetage par l’État irlandais des banques irlandaises qui avaient alimenté une énorme bulle de crédits immobiliers a fait passer la dette publique de ce pays de 25 % en 2007 à 110 % fin 2011.