c) Les frontières de la monnaie : la définition de la monnaie se comprend par le besoin de mesurer la masse monétaire

1/ Le besoin d’une mesure homogène de la monnaie, aujourd’hui dans le cadre de l’adoption de l’euro par les pays de l’Eurosystème

Sur un territoire, les banques Centrales définissent un certain nombre d’agrégats monétaires de manière à mesurer et connaître la masse monétaire.

Avec le passage à l’euro, un cadre conceptuel harmonisé au plan européen a été défini de manière à connaître la masse monétaire en euro.

2/ Les agrégats monétaires

Les agrégats de monnaie regroupent les moyens de paiement et les placements liquides à court terme qui, après conversion rapide et facile en moyens de paiement et sans risque de perte en capital, peuvent être utilisés en règlement des transactions. La logique de classification des agrégats repose sur un degré de liquidité décroissant au fur et à mesure que l’on élargit l’approche.

- L’agrégat M2 est constitué de M1 auquel on ajoute une première catégorie de placements particulièrement faciles à monétiser, désign- és ici par M2 – M1.

- L’agrégat M3 est constitué de M2 auquel on ajoute une deuxième catégorie de placements dont la caractéristique commune est de représenter une monétisation plus délicate que celle de M2 – M1, désignés ici par M3 – M2.

 

Masse monétaire

 

 

 

M3 est important : c’est l’agrégat représentatif de la masse  monétaire dans le cadre de l’Eurosystème. La masse monétaire comprend les actifs liquides qui sont susceptibles d’être convertis en monnaie sans risque sensible en capital et qui représentent donc des moyens de paiement, effectifs ou potentiels, sans effet de plus-value ou de moins-value.

C’est un indicateur de référence suivi par la BCE dans le cadre de la politique monétaire unique.

 

Les agrégats monétaires s’inscrivent dans un continuum d’actifs ordonnés suivant un critère de liquidité décroissante : actifs monétaires (eux-mêmes de M1 à M3), financiers (les placements au-delà de M3 cmme les actions et els obligations), réels (on dit aussi matériel, corporel ; leur acquisition correspond à l’acte d’investissement : machines outils, immobilier,etc.) ou immatériels (on dit aussi incorporel : brevets, fond de commerce).

La monnaie au sens de M1 est la liquidité par excellenece : elle permet directement d'éteindre une dette

 

2) Les mécanises de la créaton monétaire

 a) Le principe

La création monétaire consiste à accroître la quantité de monnaie détenue par les agents non financiers.

Seules trois catégories d’agents ont le pouvoir de création de monnaie : les banques commerciales, le Trésor Public, la Banque centrale. L’essentiel de la création monétaire est le fait des banques commerciales.

1/ Les banques commerciales créent de la monnaie

a/ Analyse du processus

Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle acquiert des actifs non monétaires et ainsi monétise des créances.

 

- Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle monétise des « créances sur l’économie » (crédits aux entreprises et aux ménages)

Lorsqu’une banque accorde un crédit à un client, elle crée de la monnaie ex nihilo (à partir de rien), par simple inscription d’une somme au crédit du compte de son client ; cela équivaut à un dépôt de son client. La contrepartie de cette création de monnaie est l’acquisition d’une créance de la banque sur son client, c’est-à-dire d’un droit à être remboursé. Ce droit est un actif non monétaire. La banque crée de la monnaie par acquisition d'un actif non monétaire, par monétisation d'une créance sur l’économie.

On remarque que par cette opération, elle met à la disposition d’un agent un pouvoir d’achat additionnel : elle crée de ce fait de la monnaie, en l’occurrence de la monnaie scripturale.

 

Remarque : Tous les crédits bancaires ne donnent pas lieu à de la création monétaire :

Les institutions financières non bancaires recyclent de l’épargne existante en prêtant une partie de leur collecte (elles n’ont cependant pas le droit de gérer des dépôts à vue)

Les institutions financières bancaires recyclent également de l’épargne existante en prêtant une partie de leur collecte ; elles ont cependant la possibilité de mettre à la disposition des agents non financiers des nouveaux moyens de paiement qu’elles créent.

 

- Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle monétise des créances sur le Trésor public.

Le Trésor Public est la personnalité financière de l’État : c'est l'agent financier qui assure la gestion quotidienne des dépenses et des recettes de l'État, il est chargé d'exécuter les lois de finances (budget de l’État) et de régler les problèmes de trésorerie qui en découlent (déficit public, dette publique). Il participe au financement de l'économie. C'est aussi un intermédiaire financier. Il emprunte sur les marchés de capitaux (émission de Bons du Trésor, d’obligations) et reçoit les dépôts des correspondants du Trésor (les agents ayant un compte courant au Trésor Public : collectivités locales, les administrations, les établissements publics).

Lorsqu’une banque acquiert des bons du Trésor ou des obligations d'État, elle peut le faire par acquisition d’un actif non monétaire, par monétisation d’une créance. Il y a donc création de monnaie.

 

- Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle monétise des créances sur l’extérieur.

Les devises, les monnaies étrangères, représentent un pouvoir d'achat à l'étranger, une créance sur l'étranger. Quand une entreprise exportatrice apporte à sa banque les devises qu'elle a gagnées pour les changer contre de la monnaie nationale, la banque achète ces devises. Pour financer cet achat, la banque créée la monnaie nécessaire, par simple inscription de la somme correspondante, diminuée de sa commission, au crédit du compte courant de l'entreprise exportatrice. La banque créée de la monnaie par acquisition d'un actif non monétaire, par monétisation d'une créance sur l'extérieur.