C. Les Trente glorieuses et le retour de l’expansion commerciale jusqu’aux années 1980

 

1) Le volume des échanges internationaux s’accroît

La croissance économique est très forte même si elle ralentit dans les années 70

Mais le rythme de progression du commerce international est encore plus fort. La crise ne modifie pas la hiérarchie entre croissance économique et progression des échanges.

 

Le mouvement d’internationalisation des économies déjà constaté au XIX° siècle est arrêté par la grande dépression des années trente, reprend de manière vigoureuse après la Seconde Guerre mondiale.

La crise des années 70 ne provoque pas de chute du commerce à l’instar de celle des années 30 : le commerce « tient ».

 

2) La structure des échanges

a) La structure par produits

La période est caractérisée par une inversion totale entre le poids des produits manufacturés et celui des produits primaires dans le commerce mondial

 

Les échanges de services font une progression encore timide.

 

b) La structure par zone géographique

1/ La redistribution des rôles parmi les pays industrialisés est amorcée

En 1950, le commerce international est dominé par les États-Unis et, loin derrière, par la Grande-Bretagne.

Les années 50 et 60 sont marquées par le recul relatif des États-Unis et de la Grande-Bretagne ainsi que par le retour en force de la RFA et du Japon.

2/ L’émergence de nouveaux pays industrialisés dans les années 1970

L’émergence de nouveaux pays industrialisés ne sera manifeste que dans les années 1970 mais on constate avec le recul que les progrès sont déjà très nets dans les années 1960 et 1970 : Taïwan, Honk Kong, Corée du Sud, Singapour.

 

3) Outre la croissance économique, l’expansion du commerce international tient à son mode d’organisation singulier

On appelle système commercial international l’ensemble des mécanismes, des règles et des institutions qui régissent l’organisation des échanges commerciaux internationaux.

a) Au sortir de la 2°GM,

Pendant la guerre, les Alliés se donnent pour objectif d’éviter, une fois que le conflit sera terminé, le retour à la force, aux décisions unilatérales pour régler les conflits (guerres commerciales et guerres monétaires des années 1930 et guerre tout court). Le moyen de favoriser une coopération internationale qui soit la plus intense possible dans ces différents domaines est la création d’institutions internationales. C’est dans cette perspective que l’ONU et le FMI voient le jour.

C’est dans le même esprit que, en matière de commerce international, en 1946, le Conseil Économique et Social de l’ONU adopte, à l’initiative des États-Unis, une résolution pour que soit ouverte une conférence internationale préparant la création d’une organisation internationale du commerce et la signature d’un accord posant le principe du libre-échange dans les relations économiques.

Le projet d’une organisation internationale du commerce est abandonné à cause de l’opposition de la majorité républicaine du Congrès américain, qui voit là un obstacle à l’hégémonie américaine (attitude de méfiance vis-à-vis des solutions multilatérales). Il faudra attendre 1995 pour qu’une telle organisation voit le jour : l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Par contre, un accord (GATT) est adopté en 1948. L’orientation générale en est :

  • Le libre-échange doit être l’objectif vers lequel il faut tendre.
  • Pour le moment, il faut être réaliste : le protectionnisme existe, il n’est pas question de l’interdire mais il faut l’encadrer et surtout s’efforcer de le faire reculer progressivement par des négociations commerciales internationales régulières (cycles de négociation ou rounds).

b) Les accords du GATT et la promotion du principe de multilatéralisme

1/ Les trois grands principes du GATT

L'idée des négociateurs est de tendre vers un échange plus libre de façon pragmatique et de manière virale (par contagion).

  • La non-discrimination
  • Les échanges internationaux sont entravés par le fait que chaque pays élève des barrières douanières pour protéger ses activités ; assez souvent, ces barrières ne sont pas les mêmes vis-à-vis des différents pays avec lesquels il commerce. L’inconvénient, dans ce cas, est que les échanges entre ces différents pays sont freinés ; il y a des détournements de trafic.
  • Solution adoptée par l’accord : le principe de la non-discrimination. Tout pays qui adhère à l’accord s’engage à traiter de manière égale les autres pays signataires de l’accord (principe de l’équité, de l’égalité de traitement)
  • Le moyen pratique : l’adoption de la clause de la nation la plus favorisée. on dit qu’un pays fait bénéficier un autre pays de la clause de la nation la plus favorisée s’il s’engage à lui accorder le traitement le plus favorable qu’il accorde à un autre pays. Il s’agit donc d’une politique relevant du multilatéralisme.

 

  • La transparence des politiques commerciales
  • Problème : certaines formes de protectionnisme sont totalement ou relativement opaques (protectionnisme déguisé, mesures quantitatives, subventions, …)
  • Solution : les seuls instruments de protectionnisme que les pays signataires de l’accord s’autorisent à utiliser sont les droits de douane, qui ont l’avantage d’être « affichés » (publiés), ce qui leur donne une qualité de transparence et de prévisibilité indispensable à une organisation saine des échanges.

 

  • La réciprocité des concessions tarifaires
  • Problème : certains pays signataires peuvent être tentés d’adopter une stratégie de passager clandestin : ils bénéficient des avantages de l’accord (clause de la nation la plus favorisée) tout en essayant d’éviter d’en supporter les charges (de leur côté : protection inchangée => leurs entreprises ne sont pas exposées à la concurrence internationale)
  • Solution : les pays qui bénéficient d’un allègement de la protection des autres pays se doivent, réciproquement, de leur concéder une baisse équivalente de leurs propres droits de douane
  • Moyen de mise en œuvre de l’accord : l’accord prévoit l’organisation périodique de négociations internationales (« rounds ») au cours desquelles les pays membres adoptent des mesures d’élimination des barrières non tarifaires (transparence) de réduction générale des droits de douane existants (non-discrimination, réciprocité).