Conclusion

 

La France apparait au final peu inégalitaire en termes de revenus.

  • Elle fait partie du club des pays à disparité faible, et du club très fermé des pays dont la disparité ne s'accroît pas à ce jour.
  • La redistibution y joue un rôle important.
  • la hausse des revenus des 0.1% des personnes les mieux rémunérées y est plus tardive et de moindre ampleur que dans les autres pays développés, anglo-saxons en particulier.

La France connait cependant l'apparition des "working rich" et la reconstitution d'une société de rentiers.

 

L'actuelle difficulté monétaire accrue de nombreux ménages provient de l'accroissement vertigineux du prix d'achat des logements et des loyers. La part du revenu que les ménages y consacre a doublé depuis 20 ans.

Ainsi, les ménages qui bouclaient à peu près leurs fins de mois ne le peuvent plus, les travilleurs les plus précaires et/ou les moins biens rémunérés ne peuvent se loger.

C'est un fléau social (qui s'ajoute au chômage) : on continue pourtant à privilégier la défiscalisation immobilière en arguant du fait que cela stimule la crétaion de logements...

La réalité est moins radieuse : la collectivité subventionne la partie de la population déjà logée et qui touve ainsi l'occasion à bon compte de réaliser des placements immobiliers et d'accroître son patrimoine aux frais de la société. Les fonds publics engloutis pour financer ces avantages fiscaux croissent en même temps que le nombre de mal logés et des ménages étranglés par le coût du logement.

Jusqu'à quand ?

 

Laissons les prix de l'immobilier s'effondrer
Laissons les prix de l'immobilier s'effo
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Remarque quant aux pays en situation d'émergence

 

Pour des pays en situation d'émergence, quelle que que soit l'époque, on observe que les inégalités de revenus s'accroissent durant le décollage pour ralentir et s'amenuiser en suite.

C'est la courbe en U inversé mise en évidence par S. Kuznets (la courbe de Kuznets) : elle est fragile pour sa partie qui laisserait à penser à une tendance irrépressible à la diminution des inéglités de revenus : la période contemporaine en témoigne...

Par exemple, pour la Chine actuelle, le rapport entre les 20% de salariés les mieux rémunérés par rapport aux 20% de salariés les moins bien rémunérés  (D8/D2) est de 17 (20 pour le Brésil...). A comparer avec la France actuelle.

Ceci dit, la période de la révolution industrielle avait été marquée par de très importants gains de productivité sans que le pouvoir d'achat des salariés n'en profite : il avait fallu attendre vers 1840 en GB et 1870 en France pour que ce dernier s'améliore significativement.

 

Mise en perspective des inégalités de revenus par rapport aux inégalités dans leur ensemble

Plus largement, on peut mettre en perspective les inégalité de revenus  en s'aidant des travaux d'A. de Tocqueville (De la démocratie en Amérique, 1835).
Il analyse les sociétés démocratiques en devenir :  liberté et égalité sont devenues les deux valeurs centrales. A côté du goût des Hommes pour la liberté, il met en avant une passion pour l'égalité.

Le processus d'égalisation des conditions devrait aboutir à la moyennisation de la société.


Tocqueville  distingue trois formes d’égalité englobées dans l’égalisation des conditions :

  • Egalité de droit (ou des conditions juridiques) : c’est l’égalité des Hommes devant la loi et la généralisation des relations contractuelles.
  •  Egalité des chances (ou méritocratie) : c’est l’accès aux positions sociales dans la stratification sociale en fonction de ses talents et de ses aptitudes : la mobilité sociale est possible.
  •  Egalité de fait (ou des conditions matérielles) : c’est le rapprochement des niveaux et modes de vie (attention : le rapprochement et non le même niveau de vie pour tous)

Il nous explique que c'est parce que les sociétés connaissent l'égalité de droit et l'égalité des chances qu'elles acceptent des différences de niveau de vie (égalité de fait). Les sociétés voient alors se développer des classes moyennes ("société en toupie").

Dit autrement, les différences de revenus ne sont pas acceptées quand les Hommes percoivent des situations d'inégalité de droit et d'inégalités des chances : les différences de niveau de vie ne peuvent plus correspondre à des diffrences de talent mais sont alors le reflet d'une société d'héritiers qui s'arrogent des privilèges.

 

Ce grand penseur de la démocratie libérale peut certainement nous éclairer sur la période que nous vivons en France.

 

ll est bon de rappeler que Tocqueville s'était retiré de la vie publique lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851 qui avait conduit au Second Empire.

Affairisme, privilèges pour les prochess du pouvoir, autoritarisme et atteinte aux liberté publiques, reconstitution des privilèges. Il considérait que le bonapartisme n'était pas compatible avec la démocratie.