c) Approfondissement sur la crise de la dette en Europe

Au-delà des problèmes de gestion publique avant la crise des subprime, cette dernière a fragilisé des situations.

 

En Grèce, à l'automne 2009, le nouveau gouvernement élu en Grèce a révélé un déficit budgétaire beaucoup plus important qu'on ne le pensait, jetant le doute sur la sincérité des statistiques publiques (NB : on le savait déjà depuis la révélation des fausses statistiques avant l’intégration dans la zone euro : dépenses publiques supérieures à ce qui est déclaré, faible productivité, fraude fiscale).

Le dérapage général des finances publiques a remis en cause l'efficacité du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) pour éloigner le risque de défaut souverain en Europe. Enfin, la perte de l'instrument monétaire a été perçue comme un handicap à un ajustement rapide et sans douleur des finances publiques (dévaluation-dépréciation monétaire impossible du fait de la monnaie unique).

 

 

Croissance faible, taux d’intérêts accrus, niveau d’endettement élevé, déficit budgétaire accru : tous les facteurs sont réunis pour une crise de la dette publique.

Et les agences de notation soufflent sur les braises.

 

La Grèce n’est pas un cas isolé : Irlande, Espagne, Portugal sont sous tension avec les mêmes scénarios : dégradation des finances publiques, endettement accru, spéculation sur les marchés financiers et dégradation des notations financières renchérissant les conditions d’emprunt, programmes d’ajustement structurel draconiens et difficilement soutenables. L’Italie est parfois ajoutée à la liste, donnant l’acronyme anglo-saxon de PIGS, à la limite de relents « xénophobes » ou pour le moins méprisants.

Il faut noter que certains d’entre eux avaient été vantés comme de soi-disant modèles par des « experts », souvent issus de grands organismes ou institutions !

 

L’Irlande est sûrement le cas le plus préoccupant : présentée complaisamment comme le « tigre celtique », expression qui a longtemps masqué la nullité du degré de réflexion sur la réalité de situation de la part de soi-disant experts, ce pays est au bord de la ruine. L’attraction de multinationales sur la base de moins-disant fiscal en grande partie aux frais des fonds publics européens d’aide au développement a alimenté une économie spéculative dans l’immobilier ; les revenus des multinationales ont eu des retombées sur l’économie locale mais les gains ont massivement alimenté les investisseurs dans leur pays d’origine, comme dans les situations les plus caricaturales du rôle des FMN dans un pays d’accueil, simple support à des IDE d’opportunisme. Le tigre ressemble plus à un malheureux chat de gouttière ; une grande partie de la population irlandaise va en payer les frais pendant de longues années. La question posée par de telles distorsions fiscales au sein de l’Union européenne ne semble pas vraiment d’actualité, alors même que le pays engloutit des fonds européens au titre de la solidarité des autres Etats membres.

 

Le Portugal a en commun avec la Grèce d'importants problèmes structurels datant d'avant la crise : un fort endettement des ménages – le taux d'épargne au Portugal est le deuxième plus faible de la zone euro après la Grèce –, une baisse de compétitivité, une stagnation de la consommation intérieure..." A ces difficultés s'ajoutent, pour le Portugal en particulier, une croissance qui n'a jamais décollé : 1,3 % par an entre 2000 et 2008, contre 3,9 % pour la Grèce et 5 % pour l'Irlande. Contrairement à l'Irlande, qui a su attirer des industries de haute technologie avec des moyens contestés – une fiscalité sur les entreprises très basse, parfois considérée comme de la concurrence déloyale –, l'économie portugaise repose sur des secteurs peu porteurs. Son industrie textile, notamment, a beaucoup souffert de la concurrence asiatique. Le Portugal a vu ses exportations chuter au cours des années, ce qui a pesé sur sa croissance et sur les efforts faits pour assainir ses finances publiques. Point positif : son secteur bancaire n'est pas en difficulté. Le pays, accusé comme la Grèce d'avoir trop dépensé ces dernières années pour soutenir sa consommation intérieure, a fait preuve, sous la pression de l'Europe, de bonne volonté dans les années 2000 pour réduire son déficit. Mais ses efforts ont été handicapés par une croissance faible, et le déficit portugais reste à un niveau très élevé, à 7,3 % du PIB en 2010.

 

L’Espagne, sortie en quelques années du statut de PED à la fin des années 1960, s’est enfermée dans une économie à la productivité stagnante, fortement tournée vers une frénésie immobilière que la crise des subprimes n’a pas épargné : crédit immobilier et crédit à la consommation déraisonnables ont été largement utilisés. 20 % de la population active est au chômage. L’apparente bonne santé budgétaire présentée par le gouvernement Asnar à la fin des années 1990 a beaucoup dû au fait que l’Espagne est longtemps restée le premier bénéficiaire des fonds européens, alors même que les besoins étaient de plus en plus à L’Est ; La réaffectation de ces fonds a contribué à révéler le caractère en partie artificiel du miracle espagnol.

 

De manière plus large :

 

Optimisme :

Les Etats membres sont sollicités. Un fonds de soutien a finalement était crée de manière à structurer des solidarités financières défaillantes dans l’UEM : L’UE, union économique et monétaire est dite « incomplète », du fait de l’absence de mécanismes d’ajustement interne. La crise a finalement permis d’avancer sur ce point.

 

Soucis :

Les efforts demandés dans les conditions d’une union monétaire n’ont jamais permis à ce jour dans l’histoire le succès des ajustements…

Les programmes d’ajustement dans la zone euro risquent d’obérer le redressement des économies de la zone

La dette de certains des pays sera certainement restructurer quoiqu’il s’en dise maintenant pour la Grèce, le Portugal, peut-être l’Irlande. L’espoir est que l’Espagne passe le cap, grand pays en taille économique…