La chute du marché immobilier et le relèvement des taux d’intérêts aux Etats-Unis ont lancé le signal de la défaillance en chaîne de tous les acteurs en 2007, et dans le monde surtout pour les pays où l'endettement à taux variable est important.

 

2) Les banques et la crise actuelle

a) Des pertes colossales dues à l’aventurisme sur les marchés financiers qui aboutissent à une diminution de l’offre de crédit

La crise actuelle a mis en danger la solvabilité des banques dont les bilans sont dégradés :

  • Les clients à risques ne peuvent plus rembourser leurs crédits : la remontée des taux d’intérêt de la FED provoque la remontée des taux variables des emprunts (et cela dans les pays où ces taux jouent un rôle important) : les banques voient se manifester le risque d’insolvabilité des clients.
  • Les biens qui servaient de gage ne permettent pas aux emprunteurs payer l’emprunt car le marché immobilier s’effondre. Les banques n’ont plus de garanties sur de nombreux emprunts et sont en difficulté
  • Les dépréciations d’actifs adossés à des titres « toxiques » ont conduit les banques à passer des provisions colossales pour compenser les pertes) : les assureurs (type AIG) ne peuvent faire face à la masse des défauts de paiement, les véhicules de titrisation qui travaillaient à crédit ne peuvent rembourser les banques qui s e trouvent impactées de ce côté-là également. La titrisation leur revient finalement comme un boomerang.

Face à cette dégradation, la chute des cours boursiers a été rapide conduisant à des moins-values sur les actifs financiers détenus par les banques (la capitalisation boursière des banques a fondu de 9 points de PIB mondial)

 

Cela a conduit les banques à des pertes énormes. 70% des pertes ont été concentrées sur 13 banques (en points de PIB perdus : RU > Suisse >Etats-Unis > Espagne et Italie).

Face à ces pertes colossales qui ont diminué d’autant leurs fonds propres, les banques ont été confrontées à un risque d’insolvabilité (risque de banqueroute) : recapitalisation massive, allègement des positions risquées, recherche de refinancement, garanties des Etats.

 

Tout ceci s’est traduit par une diminution de l’offre de crédit. Cela a été en partie masqué par la chute de la demande de crédit liée aux conséquences de la crise (crédits à la consommation, à l’investissement) : les clients ont par contre été touchés dans leurs demandes de crédits de trésorerie pour financer leur exploitation.

 

b) Un nouveau paysage bancaire

Au gré des fusions-acquisitions, des faillites et des nationalisations, le paysage a été revu. Trois banques d’affaires sur 5 ont disparu aux EU. En Europe, Citigroup, Fortis, RBS et UBS se sont effondrées ou ont disparu. Seules les banques qui disposaient de dépôts ont pu tenir le choc. Et désormais la course aux dépôts de la clientèle (ressource stable et peu coûteuse) est lancée.

 

Les Etats-Unis ont durcis leur réglementation bancaire et ont cherché à encadrer les activités. En Europe, les lobbies financiers et bancaires ont réussi à bloquer les tentatives de réformes de fond.

Par contre, internationalement, les ratios de fonds propres se sont durcis mais les banques sont encore très loin de valider des ratios satisfaisants. Avec le nouveau ratio prudentiel de l’automne 2010 dit « Bâle III », le Comité de Bâle exige que les banques atteignent un ratio de fonds propres « durs » - composé uniquement de capital social et de bénéfices mis en réserve -rapportés aux actifs pondérés, d'au moins 7 % d'ici à 2019

 

Remarque :il semble qu’il y ait actuellement problème sur ce qui est compris dans les fonds propres : l’application d’une définition stricte, capital social + Réserves + résultat net, comme dans les pays anglo-saxons, est loin d’être le cas en Europe où l’on intègre en plus certains titres de dettes (contreparties des aides publiques massives) qui ne sont pas en fait des fonds propres. Cela se voit dans le fait que la communication bancaire et des gouvernements est rassurante et qu’en même temps on voit des groupes bancaires courir après les fonds propres de façon extraordinairement empressée.

Il semble donc que la façon plus ou moins stricte de compter les fonds propres donne une image très différente de la réalité, entre message rassurant et grandes difficultés pour la plupart des banques européennes (Des banques européennes n’auraient que la moitié des fonds propres nécessaires pour respecter au sens strict Bâle III). Les banques américaines semblent par contre actuellement bien valider les critères les plus stricts. En Europe, seules 3 banques privées et quelques banques suisses seraient véritablement dans la norme…

 

C. La crise financière, bancaire en particulier, se transmet à la sphère réelle et devient une crise globale


1) L’enchaînement : la crise financière, en particulier bancaire, se transmet à la sphère réelle (récession)

a) La crise des banques se traduit par une crise du crédit bancaire

Les banques sont frappées

  • en tant que prêteur (risque de crédit)
  • et en tant qu’investisseur financier (risque de liquidité)

 

D’où une crise du crédit :

  • Leur capacité à prêter diminue :
  • La dévalorisation de leurs actifs fait fondre leurs capitaux propres, ce qui rend plus difficile le respect des règles prudentielles qui s’imposent à elles
  • Elles ont du mal à se refinancer sur le marché monétaire
  • Il s’ensuit un durcissement du crédit : les banques ne prêtent que cher et qu’aux clients sûrs. Il y a contraction du crédit (« credit crunch »).

b) Répercussion sur la sphère réelle

La crise du crédit pénalise les dépenses des ménages et des entreprises. D’où une crise des débouchés. Consommation et investissement sont atteints à des degrés divers, les exportations  (= importations des autres) sont atteintes : la demande globale en pâtit (récession). 

On craint la déflation (baisse du niveau général des prix au sens strict) : au sens large, c'est la baisse du prix des différents actifs (actifs réels,  mais aussi actifs immobiliers, actifs financiers, mobiliers et immatériels) accompagnée de récession et de chômage : un marasme complet.

 

 L'activité économique est rythmée par le tempo des crises financières depuis la fin des années 80, dès que la mondialisation financière a été installée. Les questions de croissance, de chômage et de bien-être en général sont largement à l'arrière plan.