Introduction

 

Quelques repères et manifestations

 

Premières secousses : 2006, 2007

 

2006 : face à l’emballement du crédit, la Banque centrale américaine, la Réserve fédérale, relève assez fortement son taux directeur, dans un contexte de poussée inflationniste essentiellement liée aux matières premières.

Or, les prêts « subprimes » sont le plus souvent à taux variables et indexés sur ce taux. Des emprunteurs, de plus en plus nombreux, ne peuvent plus payer leurs échéances. Leurs logements sont vendus aux enchères et cela entraîne la baisse des prix de l'immobilier et donc de la valeur des hypothèques. Déjà, 1,2 millions d'Américains sont chassés de leur logement.

 

Juillet 2007 : la chute des organismes de prêts hypothécaires

Les organismes de prêts hypothécaires à risque sont les premiers touchés par l'augmentation rapide des non-remboursements de prêts « subprimes ». La banque d'affaires américaine Bear Stearns doit fermer deux fonds spécialisés dans ce type de crédit et s’effondre. BNP Paribas suspend la valeur liquidative de trois de ses fonds qui venaient de perdre plus de 20 % en moins d'une semaine. Fannie Mae et Freddie Mac, deux organismes de refinancement de crédits hypothécaires voient leur valeur boursière s’effondrer.

 

Août 2007, tout s'accélère.

Les banques se méfient des unes des autres et ne se prêtent plus d'argent qu'avec une extrême réticence et à des taux très élevés sur les marchés interbancaires.

Les banques centrales (la Réserve Fédérale américaine, la Banque Centrale Européenne, la Banque du Japon, la Banque d'Angleterre) interviennent massivement et mettent à la disposition des établissements bancaires (sous forme de prêt) plus de 400 milliards d'euros de liquidités (en dollars, livres, euros ou yens). Les craintes des marchés s'étendent alors à toutes les opérations de crédit. La valeur des actions des fonds engagés dans le crédit immobilier s'effondre (même pour les prêts à des emprunteurs solvables). Les valeurs des actions des groupes bancaires font de même. Pour compenser leurs pertes sur ces marchés, les grands investisseurs se sont mis à vendre des actions qu'ils détenaient dans d'autres compartiments du marché financier. Ces ventes entraînent une baisse générale des cours boursiers. La panique commence à s'emparer des marchés financiers et ces baisses font boule de neige.

La crise monétaire est devenue une crise boursière qui, partie de Wall Street, n'épargne ni l'Europe ni l'Asie du Sud-est.

 

L’immobilier mais aussi toutes les valeurs sont touchées ; la crise est bancaire et financière.

 

Octobre 2007 : les indices boursiers repartent à la hausse. La crise semble passée.

 

Deuxième étape : la crise continue et repart de plus belle en septembre 2008. La faillite de Lehman Brothers en est l’emblème

Les banques continuent à être aussi soupçonneuses dans l'octroi de prêts à d'autres banques. Les faillites se multiplient. La Northern Rock est nationalisée par le gouvernement travailliste en GB ; la Royal Bnak of Scotland suivra. Les géants américains Merrill Lynch et Citigroup font appel à des fonds souverains (propriétés de l'Etat du Koweit ou de celui d'Abu Dhabi) pour renforcer leur capital social. Bear Stearns est racheté par JP Morgan. L'affaire de la Société Générale et de son trader (Jérôme Kerviel) secoue le système bancaire français.

 

Septembre 2008 : la crise repart de plus belle obligeant les Etats à racheter des banques. Les États ne se contentent plus, comme en 2007, de prêter de l'argent ; maintenant, ils rachètent les banques pour éviter leur faillite. Après la nationalisation de Northern Rock par le gouvernement britannique, l'Etat fédéral américain nationalise, de fait, deux énormes institutions financières, Fannie Mae et Freddie Mac, pour un montant de 200 milliards de dollars. Il est vrai que ces deux organismes garantissent près de la moitié des 12 000 milliards de dollars de crédits immobiliers aux Etats-Unis et qu'à eux deux, ils ont perdu 14 milliards de dollars au cours des quatre derniers trimestres. Ce même Etat se refuse à sauver la banque d'affaires Lehman Brothers qui fait faillite. Il a fait le choix de nationaliser, toujours de fait, le géant de l'Assurance (AIG) en déboursant 85 milliards de dollars.AIG, réassureur détenteur de CDS et « Too big to Fail ».

Le Benelux nationalise partiellement Fortis. Les gouvernements belge, français et luxembourgeois injectent 6,4 milliards d'euros pour sauver la banque franco-belge Dexia. Le gouvernement français déboursera 3 milliards d'euros (1 milliard directement et 2 milliard par l'intermédiaire de la Caisse des Dépôts et Consignation, organisme public). L'Etat allemand garantit 26,5 milliards d'euros pour sauver Hypo Real Estate, établissement spécialisée dans le financement immobilier et très engagées auprès de Lehman Brothers. Le consortium de banques privées qui devaient compléter le sauvetage y renonce.

Le lâchage de Lehman Brothers par les autorités restera dans l’histoire comme une erreur aux répercussions catastrophiques. D’autant plus que le secrétaire du Trésor américain, Henry Paulson est l’ancien président de la banque Goldman Sachs : homme censé être en charge de l’intérêt général, il a permis l’élimination d’un de ses concurrents en avantageant ses anciens amis de la finance. C’est un cas de plus de collusion entre pouvoir et finance.

 

Octobre 2008 : l'adoption du plan Paulson

G. Bush et H. Paulson proposent au congrès un plan de rachat des créances pourries des banques pour un total de 700 milliards de dollars en deux ans. Leur plan est rejeté le lundi 29 septembre par la Chambre des représentants provoquant une nouvelle panique. Le plan proposait que de fait, les contribuables épongent sans limite les pertes bancaires. Encore une fois on voit à l’œuvre le gouvernement américain volant au secours des amis au frais du contribuable américain, encore une collusion.

Un texte amendé, avec une limite à l’intervention publique portant le total des fonds engagés à 840 milliards de dollars est accepté par le Sénat et par la Chambre des représentants.

 

Les dirigeants européens affirment rejeter l'idée d'un plan de sauvetage, copie-conforme du plan Paulson, pour les banques européennes. Ce sont aux gouvernements nationaux de s'en charger.

Partout, les rachats de banques se multiplient : Merrill Lynch par Bank of America, Halifax Bank of Scotland par la banque britannique Lloyds TSB. Wells Fargo et Citigroup se disputent le rachat (avec la garantie de l'Etat Fédéral) de la banque Wachovia. La banqueroute de la Washington Mutual permet son rachat par JP Morgan. La banque espagnole Santander rachète la partie (rentable) de la banque britannique Bradford & Bingley, le gouvernement britannique nationalise le restant (les pertes). Le secteur financier américain a déjà licencié 153 000 salariés en 2007 et 103 000 depuis le début de 2008.

 

La récession s'étend des Etats-Unis à l'Europe. La France entre, elle-aussi, en récession.

Les annonces pour « réguler » le système bancaire et financier se multiplient mais les propositions concrètes n'ont qu'un souci « rétablir la confiance » et préserver l'autonomie de la finance.

Depuis le début du mois de septembre, partout dans le monde, les indices boursiers s'effondrent ou repartent à la hausse au gré de l'annonce de nouvelles faillites ou de celle de nouvelles interventions musclées de l'Etat fédéral américain ou des banques centrales (Réserve Fédérale, Banque Centrale Européenne, Banque d'Angleterre, Banque du Japon) qui offrent des centaines de milliards d'euros de crédit aux banques qui refusent toujours de se prêter entre elles tellement la confiance est faible entre elles.

 

De nombreuses banques sont à la limite de l’insolvabilité et la contagion horizontale et verticale traduit la manifestation d’une crise systémique.

 

Le plus gros de la crise financière est passé. Mais le reste de l’économie (ou peut-être l’essentiel ?) est affecté (Investissement, exportations, croissance, emploi). La crise bancaire et financière est aussi une crise globale.

 

Elle se double d’une crise des finances publiques après avoir volé au secours des finances privées des banques.

 

Plan  :

 

1. La bascule des années 80 : la prise en place d'une nouvelle mondialisation financière moderne fait le nid des crises futures

 

2. L’accentuation des tendances passées amène à la crise actuelle

 

3. Perspectives longues et crises financières répétées