Le circuit économique

 

L'acquisition des notions et des relations fondamentales va se faire à travers la construction progressive d'un circuit économique qui articule trois grandes fonctions économiques fondamentales.

  • On produit, on crée des richesses : c’est la production.
  • On distribue des revenus aux personnes en fonction de leur participation au processus productif ou à leur situation personnelle : c’est la répartition des revenus.
  • On utilise ces revenus pour obtenir des produits : c’est la dépense sous forme de produits de consommation (consommation) ou de biens de production (investissement).

Une schématistion d'ensemble terminera cette partie, maquette simplifiée de l'économie.

 

1. La production

 

1.1. Qu’est-ce que produire ?

Produire, c'est créer, fournir des biens et services destinés à la satisfaction des besoins

 

1.1.1. Les besoins

Le besoin est un sentiment de privation accompagné du désir de la faire disparaître.

 

Dans l'appréciation des besoins, l’économiste ne porte pas de jugement de valeur ; il se borne à constater l'existence d'un besoin.

 

C’est une notion contingente à une époque, un lieu , une société, un système de valeurs.

 

Exemple de présentation des besoins : la pyramide des besoins, A. Maslow, 1943, A theory of human motivation

 

1.1.2. Les biens, produits matériels

 

* 1° critère de distinction : la durée d’utilisation

  • Les biens durables : utilisés sur une période très longue (un bâtiment) ou assez longue (un meuble, un véhicule)
  • Les biens non durables : détruits immédiatement par l’usage (le pain, l'électricité, le pétrole)
  • Les biens semi-durables : ils se dégradent assez rapidement par une utilisation régulière (des vêtements).

 

* 2° critère de distinction : la place dans le processus de production

Le processus de production peut être défini au sens étroit comme la succession des opérations nécessaires pour l’obtention d’un produit donné.

  • Les biens de consommation (finale)

Ce sont des biens qui satisfont directement les besoins de leurs utilisateurs sans engendrer de nouveaux produits à l’intérieur d’un processus de production. Ils se situent en fin de processus : on parle de consommation finale.

  • Les biens de production
Ils ne satisfont pas directement les besoins de l'utilisateur. Il y a deux familles de biens de production.
  • Les biens intermédiaires

Ce sont des biens qui ne sont utilisés que dans un seul processus de production soit parce qu'ils sont incorporés aux produits, soit parce qu'ils disparaissent en cours de processus (ex : matières premières)

Remarques :

Synonyme de biens intermédiaires : capital circulant

L'emploi de ces biens intermédiaires est appelé consommation intermédiaire.

  • Les biens d’équipement

Ils peuvent être utilisés dans plusieurs processus de production sans subir de transformation autre que l'usure et l'obsolescence, qui est le fait d'être dépassé techniquement (grue de chantier, micro-ordinateur).

Remarques :

Synonyme de biens d'équipement : le capital fixe

L'emploi de ces biens d'équipement s’appelle la consommation de capital fixe.

 

1.1.3. Les services

Ce sont des prestations immatérielles qui, comme les biens, sont destinées à satisfaire des besoins.

 

J. Gadrey définit un service comme « la transformation de la condition d’un individu, ou d’un bien appartenant à un agent économique quelconque, résultant de l’activité d’un autre agent économique, à la demande ou avec l’agrément du premier agent ».

 

Distinction entre services marchands et services non marchands :

  • Services marchands : services fournis à un prix économiquement significatif, prix de vente supérieur à la moitié de son coût de production
  • Services non marchands : services fournis à titre gratuit ou quasi gratuit

Ainsi :

  • Biens et services marchands constituent la production marchande
  • Les services non marchands constituent la production non marchande
  • On peut rajouter la production pour usage final propre : de consommation (produit des jardins familiaux), d’investissement (machine crée par une entreprise pour son usage propre)

1.2. Qui produit ?

 

1.2.1. Producteurs marchands / producteurs non marchands

On peut dégager deux familles de producteurs (La distinction porte sur les conditions économiques dans lesquelles se réalise la production)

  • Les producteurs marchands : ce sont des entreprises privées ou publiques que l’on trouve dans les secteurs institutionnels suivants :
  • Les sociétés non financières
  • Les sociétés financières
  • Les entreprises individuelles
  • Les producteurs non marchands
  • L'Etat : les administrations publiques (APU = APU Centrales + APU Locales + APU de sécurité sociale)
  • Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) : les associations par exemple

 

Normalisation des concepts et du vocabulaire : INSEE en France mais avant tout au niveau international (ONU)

 

1.2.2. Zoom sur la notion d’entreprise

Organisation économique et sociale qui fournit des biens et services en vue de satisfaire un besoin.

 

La distinction privé/public porte sur la propriété du capital. Parmi les entreprises privées, on peut distinguer les entreprises privées à but lucratif et les entreprises coopératives (économie sociale)

 

La distinction peut être de nature juridique : entreprise individuelle / entreprise sociétaire.

  • Entreprise Individuelle : elle appartient à une seule personne, qui la dirige, qui reçoit la totalité du bénéfice mais qui en cas de faillite, est responsable sur la totalité de ses biens
  • Entreprise Sociétaire : le capital de la société est réparti entre plusieurs personnes (physiques ou morales) qui détiennent chacune des parts appelées parts sociales. Selon les sociétés, le capital minimum, le nombre minimum ou maximum d’associés, la responsabilité en cas de faillite peut varier (cf. Droit des affaires).

Ex : SNC, SCS, SA, SAS, SARL (idée de réponse aux besoins des hommes pour s’organiser : gestion des droits de propriété, dévolution du pouvoir, partage des gains, partage des pertes)

 

Distinction entreprise / établissement

 

1.3. Avec quels moyens produit-on ?

L’économiste répond : avec des facteurs de production.

 

1.3.1 Présentation des facteurs de production

Dans l'analyse la plus courante, on distingue deux facteurs de production : Le travail et le capital. Selon les besoins de l’analyse, on affine :exemple :

  • travail qualifié / non qualifié
  • Captal technique / capital humain

 

Le travail :

  • Aspects quantitatifs : effectif, durée du travail
  • Aspects qualitatifs : qualification, motivation liée à la rémunération, au statut, au système de valeurs…

 

Le capital :

  • Dans l'optique économique, le capital désigne l'ensemble des biens de production utilisés par une entreprise, par l'ensemble de l'appareil productif : c’est le capital technique (capital fixe + capital circulant, biens d'équipement + biens intremédiaires).
  • Dans l’optique juridique, le capital désigne un ensemble de droits de disposition sur des biens. :
  • Droits de propriété : utiliser (usus) + en tirer des revenus (fructus) + le vendre (abusus)
  • Droits de créance : (titre de dette) remboursement et paiement des intérêts attendus

 

1.3.2. Les facteurs de production sont combinés

Travail et capital sont toujours utilisés l’un avec l’autre : idée de combinaison productive

Travail et capital sont en proportion variable dans une combinaison productive : les combinaisons productives sont plus ou moins intenses en capital (tendance historique au moins depuis la 1° Révolution industrielle à un accroissement de l’intensité capitalistique des combinaisons productives)

 

Les facteurs sont plus ou moins substituables, plus ou moins complémentaires.

 

Il revient à l’entrepreneur de choisir sa combinaison productive pertinente au regard de ses besoins et de ses possibilités.

 

1.4. Comment mesurer la production réalisée ?

On reprend la distinction entre la production marchande et la production non marchande.

 

1.4.1. La production marchande

Elle est le fait des entreprises.

 

  • Pour une entreprise (au niveau microéconomique)
  • Mesure physique (tonnes, hectolitres, nombre de …) / mesure en valeur : valorisation au prix de vente (chiffre d’affaires + variation de stocks de produits finis)
  • Beaucoup mieux : la notion de valeur ajoutée = richesse créée par l’activité propre de l’entreprise

Valeur ajoutée = production – consommations intermédiaires

ou encore Consommations intermédiares + valeur ajoutée = production

J'ajoute de la valeur à des biens intermédiaires utilisés en mettant en oeuvre une combinaison de travail et de biens d'équipement.

 

  • Au niveau agrégé (niveau macroéconomique)
  • C’est encore la valeur ajoutée qui au niveau global permet de calculer correctement la production marchande réalisée par l'appareil productif d'un pays
  • Il faut agréger les valeurs ajoutées par les différentes unités marchandes pour obtenir la production marchande

1.4.2. La production non marchande

 Problème : on ne peut pas utiliser ici la notion de valeur ajoutée car il n'y a pas de vente ou le prix n'est pas économiquement significatif. On ne peut pas calculer la valeur ajoutée d'une caserne de pompiers

 

Solution retenue : la valeur de la production de services non marchands est égale au coût de production en travail et en capital de ces services. Ce coût de production est assimilé à une valeur ajoutée !

 

Remarque : la production non marchande est donc évaluée « au coût des facteurs » (de production) alors que la production marchande est calculée « au prix du marché ».

 

1.4.3. Le résultat de l’ensemble des activités productives : Le produit intérieur brut (PIB)

Le PIB est l’agrégat représentatif du résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. Il est obtenu par agrégation (agréger = assembler), c’est un agrégat de la Comptabilité nationale.

Il est égal à la somme des valeurs ajoutées des différents agents économiques augmentée des impôts sur les produits moins les subventions sur les produits. (La somme des valeurs ajoutées en représente les 90%).

 

1.4.4. La notion de croissance économique

La croissance correspond à l'augmentation d'un indicateur de dimension du volume de l'activité économique de manière soutenue sur une durée suffisamment longue.

 

En volume signifie que la grandeur utilisée (ici le PIB) a été déflatée : on y a enlevé par un traitement statistique les effets de la variation des prix. Cette opération est nécessaire chaque fois qu l'on veut comparer des grandeurs exprimées en termes monétaires au cours du temps.

 

Si la période de temps est courte, le terme d'expansion sera préféré à celui de croissance.

De même en cas de baisse avec récession et dépression (sur un temps plus long : la dépresion des années 1930 par exemple)

 

1.4.5. Application : l'indicateur PIB comme mesure de la richesse et du Bien-être

A sa création en 1932, son concepteur S. Kuznets déclarait : "Une mesure du revenu national telle que celle que nous avons définie [...] peut difficilement servir à évaluer le bien-être d'une nation ". Nous étions prévenus.

 

Cela ne date pas de janvier 2008 avec la commande à J. Stiglitz et A.Sen d'un Rapport sur la mesure de la performance économique et du progrès social

 

Malgré cette mise en garde et les suivantes, le PIB et sa variation ont fait l'objet d'une véritable religion par de nombreux économistes, les politiques et la population.

 

Des limites à cet indicateur central dans la vie économique et sociale : (outre l'économie souterraine)

  • Production marchande :
    • Variation des prix, variation de la richesse : on déflate (rappel : on élimine les effets de la variation des prix), même si la prise en compte des prix est délicate (Problème de l'indice de prix)
    • Nature de ce qui fait augmenter la richesse : vente d'armement, traitements anti-cancéreux suite à des pollutions, impression de documents publicitaires qui inondent les boites aux lettres et leur traitement même en recyclage, etc.
    • Néglige les dommages collatéraux souvent irréversibles sur l'environnement : l'activité privée de dépollution fait augmenter le PIB...de la même façon que l'exploitation minière
    • Néglige l'impact des nuisances au sens large
  • Production non marchande :
    • Problème de l'évaluation au coût des facteurs : augmenter le coût de fonctionnement des services publics accroît le PIB !
    • Le travail bénévole pris en compte mais sous-évalué : mesuré au coût des facteurs...
    • Une grande part du travail domestique est délaissé, (mais l'autoconsommation est prise en compte). Ex : garde d'enfant : si elle devient non marchande et encore plus marchande, elle fait augmenter le PIB.

 

Ramené par habitant, c'est un indicateur usuel du niveau de vie pour une population : le PIB / habitant, rapport du PIB déflaté à la population totale d'un pays.
Il a toutes les limites du PIB. S'y ajoutent les effets statistiques de la démographie (ex : la contraction démographique fait augmenter l'indicateur...)

C'est un indicateur moyen ; mais quid de la dispersion autour de la moyenne (question des inégalités) ?

 

Ainsi : il ne faut pas lui faire dire plus qu'il ne peut... Il existe d'autres indicateurs complémentaires (ex : IDH mixe PIB/ht avec espérance de vie à la naissance et taux d'alphabétisation des adultes).

Classement par IDH et classement selon le PIB/tête sont parfois différents : statistiques des Nations Unies

 

Prise en compte de la durabilité : c'est le thème du développement durable depuis le Rapport de Commission Brundtland aux Nations-Unies en 1987 qui a accéléré le retour du débat sur la mesure de la richesse et du développement.
Développement durable (ou encore soutenable) = « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

 

A côté de l'indicateur PIB ou PIB/tête, la tendance est à adjoindre des indicateurs complémentaires pour mieux saisir l'étendue de la notion de développement (ex : indicateurs INSEE en France).

 

Tout indicateur est avant tout une convention sociale : mesurer la croissance conditionne ...sa répartition.

 

 

2. La répartition
La répartition de la richesse créée décrit comment la valeur ajoutée engendrée par la production est distribuée puis redistribuée entre les agents économiques ; elle permet de décrire les différentes étapes de la formation des revenus.

 

2.1. Vue d'ensemble

La répartition des revenus s'effectue en deux étapes : la distribution et la redistribution.

2.2. La distribution des revenus

La distribution des revenus : répartition fonctionnelle, selon sa participation aux processus de production (tel que présenté au paragraphe 1) via le travail et/ou le capital.

 

Tous les agents ont potentiellement des revenus primaires.

Par exemple, pour les ménages :

  • Revenus du travail salarié
  • Revenus du travail non salarié (revenus mixtes)
  • Revenus du patrimoine

 

Pour les entreprises : le bénéfice non distribué

 

Pour les administrations publiques : impôts sur les produits

 

2.3. La redistribution des revenus

La redistribution des revenus : répartition personnelle, en fonction de la situation personnelle des agents économiques.

 

Mécanisme : l'Etat est le pivot : il prélève (Impôts, taxes + cotisations sociales = prélèvements obligatoires) et il verse des transferts sociaux pour l'essentiel, et en capital (bonification d'intérêt, aides à l'investissement)

Il se forme le revenu disponible... pour consommer et épargner

 

C'est une évaluation monétaire : tout ce qui est prélevé n'est pas redistribué en transfert monétaire : il y des transferts en nature (fonctionnement des services publics, services fournis de façon non directement monétaire : les consommations collectives)

 

Les transferts sociaux : faire face aux risques de l'existence. Le terme de risque désigne des événements qui se traduisent par une perte de ressources et/ou un surcroît de dépenses.
Les comptes de la protection sociale identifient six grands risques sociaux :

  • « santé » (maladie, invalidité, accidents du travail)
  • « vieillesse » (préretraite et retraite)
  • « dépendance »
  • « maternité, famille » (incluant les aides au logement)
  • « emploi » (chômage et inadaptation professionnelle)
  • « divers » (la pauvreté avec le revenu minimum d'insertion depuis décembre 1988 et le RSA désormais pour l'essentiel).

Les risques sociaux peuvent être non couverts, couverts collectivement ou de façon privative.

Dans la façon dont les risques sociaux sont pris en change collectivement, on distingue :

  • logique de l'assurance (Bismarck)
  • logique de l'assistance (ou de la solidarité) (Beveridge)

 

La redistribution occasionne des transferts de pouvoir d'achat :

  • Horizontaux : des personnes non "victimes" du risque vers les personnes présentant une exposition aux risques de l'existence
  • Verticaux : entre le haut et le bas de l'échelle des revenus (La redistribution diminue les disparités de revenus primaires : la disparité des revenus disponibles est plus faible)

 

2.4. Remarques

- La notion de patrimoine : ensemble des avoirs et des dettes d'un agent (le patrimoine net est le solde du patrimoine brut défini plus haut et des dettes)
Ne pas confondre avec les revenus qui sont des flux et le patrimoine qui est un stock

 

- La notion de pouvoir d'achat d'un revenu : quantité de biens et services que l'on peut acheter avec un revenu.

Notion d'indexation d'un revenu : exemple du SMIC

 

3. La dépense
Les revenus (2° fonction : la répartition) sont dépensés (3° fonction : la dépense) pour obtenir les biens et les services qui ont été produits (1° fonction : la production).
Dans une économie, les ressources en biens et services sont constituées par le PIB et les importations ; leurs emplois (utilisations de ressources) sont au nombre de trois : la consommation finale, l'investissement et les exportations.

 

3.1. La consommation finale

Consommer un produit, c'est le détruire par l'usage ; la consommation entraîne la disparition, plus ou moins rapide, par destruction ou par transformation, des biens ou services utilisés.
Exit la consommation productive, ici c'est la consommation finale.

 

Elle comprend :

  • La consommation finale des ménages : achats de biens et services marchands ainsi que quelques services non marchands (la part des dépenses d'éducation et de santé individualisables restant à la charge des individus) en vue de satisfaire leurs besoins
  • Les consommations collectives : services non marchands non individualisables (destinataires non individuellement définis). Elles forment la consommation finale des administrations publiques et des institutions sans but lucratif au service des ménages.

 

L'achat d'un logement ne rentre pas dans la consommation : c'est un investissement, de même que les grosses réparations (au sens du fisc)


Depuis E. Engel au XIX° siècle, on sait que lorsque le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires dans la dépense totale diminue. C'est la loi d'Engel.

 

En France, les dépenses alimentaires passent de 33% du budget de consommation au début des années 60 à moins de 20% aujourd'hui !( Il faudrait corriger ceci de la restauration hors domicile, mais cela ne remet pas en cause la tendance).

 

Remarques sur l'épargne : une revenu étant consommé ou épargné, parler de consommation est parler de l'épargne en creux.

L'épargne est la partie du revenu qui n'est pas consommée. C'est le solde entre le revenu disponible et la consommation finale.

 

L'épargne des ménages est composée de :

  • Leur épargne non financière (leurs acquisitions de logements et l'investissement des entrepreneurs individuels, leur investissement)
  • Leur épargne financière, thésaurisée (détenir son épargne par devers soi) ou placée (mise à la disposition d'un autre agent économique, moyennant une contrepartie, rémunération).

 

Pour les entreprises, l'épargne correspond à leur capacité d'autofinancement des investissements.


3.2 L'investissement

 

3.2.1 Définition

D'un point de vue individuel (microéconomique), investir, c'est consentir un coût immédiat en échange d'un gain futur.

 

D'un point de vue global, (macroéconomique), l'investissement correspond à peu près à la FBCF, Formation brute de capital fixe. Elle correspond aux acquisitions nettes d'actifs corporels (matériels) ou incorporels (immatériels) issus de processus de production et utilisés dans d'autres processus productifs pendant au moins un an.

 

Elle comprend :

  • Les biens destinés à être utilisés dans le processus de production pendant au moins un an
  • Les brevets(un exemple à l'INPI)
  • Les achats de logiciels

 

Formation et recherche n'ont pas encore été intégrés lors de la dernière réforme des indicateurs statistiques. Ils le seront à terme comte tenu des enjeux de ces questions dans nos économies.

Précisons que ces deux domaines sont cependant suivis et étudiés de manière à mieux en comprendre le rôle exact dans le processus de croissance.

 

Tous les agents investissent : pour les ménages, cela correspond à leurs achats de logements et aux grosses réparations (définition fiscale).

 

A l'issue de cette présentation, des questions ont amené à distinguer science et doctrine, place du politique et de l'économique.

Distinction ténue parfois...

 

3.2.2. La nature de l'investissement

  •   1° alternative : remplacement du capital existant ou formation de capital nouveau

L'investissement visant à remplacer le capital existant correspond à l'investissement de remplacement. La formation de capital nouveau est l'investissement net.
Par définition, on a donc :
Investissement net = investissement brut (FBCF) - investissement de remplacement
Si l'investissement net est nul, alors l'investissement est exclusivement de remplacement.
On écrit couramment cette égalité en remplaçant l'investissement de remplacement (objet de la dépense) par les dotations aux amortissements (moyens de financement de cette dépense). Il vient donc :
Investissement net = investissement brut - amortissements*

 

*Amortissement : opération économique par laquelle l'entreprise met en réserve des sommes de manière à faire face à la dépréciation du capital due à l'usure et à l'obsolescence (vieillissement technique)

 

Remarque : dans le langage économique courant, s'il n'y a pas d'autres précisions, le terme général d'investissement correspond à la notion d'investissement brut ou de formation brute de capital fixe (FBCF) dans un cadre macroéconomique.

 

  • 2°alternative : investissement de capacité ou investissement de productivité ?

En investissant au-delà du simple motif de remplacement (Inv net >0), une entreprise cherche :

  • Soit à produire plus, à accroître sa capacité productive : on parle d'investissement de capacité. L'investissement net est positif et il n'y a pas de modification de la combinaison productive (la proportion capital/travail reste inchangée même si il y a plus de capital et plus de travail).
  • Soit, à production égale, à utiliser moins de facteurs de production c'est-à-dire à réaliser des gains de productivité* : on parle d'investissement de productivité ou d'investissement de rationalisation. L'investissement net est positif et il y a modification de la combinaison productive (la proportion capital/travail est modifiée).

 

*Productivité de facteur de production : efficacité avec laquelle on utilise un ou des facteurs de production dans l'acte de produire. On distingue la productivité partielle d'un facteur (du travail, du capital) de la productivité globale des facteurs

 

Dans les faits, on trouve la plupart du temps des investissements qui tiennent à la fois de la recherche de capacité et de productivité : l'investisseur cherche dans la plupart des cas à améliorer ses capacités de production tout en essayant de réaliser des gains de productivité. En employant l'expression d'investissement de capacité, de productivité et même de remplacement, il faut avoir à l'esprit que l'on raisonne en termes de dominante, d'orientation préférentielle : on indique quel est celui des objectifs qui l'emporte sur les autres.

 

3.3. Les exportations

La troisième manière d'utiliser les biens et services obtenus par l'activité de production et l'achat aux non-résidents, outre la consommation et l'investissement, consiste à les vendre auprès du reste du monde : c'est l'exportation.

Elles sont prises ici dans leur sens « réel », c'est à dire un emploi de biens et services s'analysant en vue d'une sortie du territoire économique (en ce sens une exportation est bien une dépense) et non dans leur aspect monétaire, qui est la contrepartie du mouvement réel, et qui s'analyse comme une ressource en devises (cet aspect monétaire est analysé par la balance des paiements).

 

 

4. La mise en relations des opérations économiques présentées

 

Le circuit économique - schéma
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4.1. L'équilibre comptable entre ressources et emplois

Les trois fonctions économiques (production, répartition, dépense) sont étroitement imbriquées. Dans la phase de production, c'est la création de richesse. La répartition comporte deux étapes : la distribution des revenus où la répartition s'effectue en fonction de la fonction occupée dans le processus productif (répartition fonctionnelle) et la redistribution des revenus où la répartition s'effectue en fonction de la situation personnelle des agents économiques (répartition personnelle). La dépense correspond à l'utilisation du revenu disponible.

 

Globalement, à la fin d'une période donnée, (généralement l'année), on étudie comment ressources et dépenses ont pu s'équilibrer : c'est l'objet de la macroéconomie.

 

Les ressources sont créées par les résidents, c'est à dire le PIB, ou sont importées en provenance du Reste du Monde, c'est à dire les biens et services importés (Importations).
Donc, le total des ressources, l'offre globale, aura été : PIB +Importations

 

Les ressources auront été employées :

  • Sous forme de consommation finale
  • Sous forme d'investissement
  • Sous forme d'exportations, les biens et services employés par les non-résidents, le Reste du Monde

Donc, le total des emplois, la demande globale, aura été : C + I + X

La demande globale s'écrit alors : Consommation finale + Investissement + Exportations

 

En fin d'année, le PIB et les importations auront été obligatoirement utilisés soit en consommation finale, soit en investissement , soit en exportations.

On aura donc, obligatoirement, par construction :


PIB + Importations Ξ Consommation finale + investissement + Exportations

 

On exprime le caractère obligatoire de cette égalité en disant qu'il s'agit d'une identité, une égalité vraie par construction, notée avec le symbole « identique » correspondant :
Il s'agit d'un équilibre ex post, c'est à dire en fin de période. C'est une constatation une fois que toutes les opérations auront été réalisées. On parle d'équilibre comptable.

 

4.2. Capacité et besoin de financement

Par familles d'agents, par secteurs institutionnels, on peut comparer pour une année donnée leurs ressources et leurs emplois.

  • Si Ressources > Emplois, les agents ont globalement une Capacité de financement

(exemple structurel : les ménages. Attention : cela n'empêche pas qu'un ménage emprunte...)

  • Si Ressources < Emplois, les agents ont globalement un besoin de financement

(exemple structurel : les entreprises ; l'Etat de fait depuis plus de 30 ans. )

 

Au niveau de l'économie nationale, Capacité et besoins de financement s'additionnent. Se forme alors un besoin ou une capacité de financement de l'économie nationale.

  • Si la nation a une capacité de financement, c'est une capacité à financer ...le Reste du Monde (La nation aura un excédent de sa balance des transactions courantes : elle sera créditrice nette du Reste du Monde)
  • Si la nation a un besoin de financement, c'est un besoin de financement... comblé par le reste du monde (La nation aura un déficit de sa balance des transactions courantes : elle sera débitrice nette du Reste du Monde)

Nota : Balance des transactions courantes = solde exprimé en unités monétaires des flux d'exportation et d'importation de biens, de services ainsi que des flux de revenus des facteurs de production

 

4.3. Le bouclage financier du circuit

D'un point de vue macroéconomique, les groupes d'agents (secteurs institutionnels) disposent de plus ou moins de ressources par rapport à leurs emplois, de plus ou moins d'épargne pour leurs investissements, ont une capacité ou un besoin de financement.


Comment capacité et besoin peuvent-ils être économiquement compatibles ?

C'est au système financier qu'échoit cette mission.

  • Institutions financières (Financement indirect par le crédit)
  • Marchés financiers (Financement direct par l'émission / souscription de titres)

 

4.3.1 Via les institutions financières (financement indirect)

On peut distinguer celles qui sont des banques (IFB) et celles qui sont non bancaires (IFNB) -

  • Collectent et gèrent des dépôts (IFB seuls)
  • Vendent des placements
  • Négocient sur les marchés pour le compte de clients (ou leur propre compte) : activité de courtage.
  • Accordent des crédits en recyclant de l'épargne collectée et en créant des moyens de paiements supplémentaires dans l'économie nets des remboursements (IFB seuls créént de la monnaie)

Remarque : le simple recyclage d'épargne préexistante ne peut suffire à alimenter le crédit nécessaire à la croissance : il faut qu'un agent créé de la monnaie)

 

La banque centrale est une institution de rang supérieur qui a une fonction d'organisation et de contrôle des institutions financières (tutelle), qui les refinance (Prêteur en dernier ressort) et assure la conduite de la régulation monétaire (politique monétaire).

 

4.3.2. Via les marchés financiers (financement direct)

Les marchés financiers sont des lieux fictifs de rencontre entre des offres de titres et des demandes de titres pour lesquelles un prix (cours) se forme et des quantités de titres sont échangées.

 

On distingue marché des capitaux à court et moyen terme (marché monétaire) et marché des capitaux à long terme (marché financier)

 

Les agents à besoin de financement se financent en émettant des titres nouveaux auprès d'agents à capacité de financement qui souscrivent à ces émissions de titres et apportent ainsi des capitaux et les financent.


Attention : tout achat / vente de titres n'entraîne pas une opération de financement. Un achat / vente de titres déjà émis n'est qu'un simple transfert de propriété qui permet aux opérateurs de modifier leur détention d'actifs.

 

Le bouclage du circuit se fait aussi au niveau international.

 

(Le schéma ci-dessous est téléchargeable pour une meilleure lecture)

 

Le bouclage financier du circuit
schema+financement.pdf
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Aujourd'hui, synthèse sur le financement à l'aide du schéma publié mardi12/01/2010 et distribué aujourd'hui en séance.

 

Réponse aux questions de la salle sur le thème : forte composante d'actualité et émotionnelle face aux désastres que les opérations financières débridées ont provoqués.

 

Je vous propose le document suivant en guise de synthèse. J'ai surligné les passages correspondant aux propos en amphi.

Problèmes financiers actuels
Documentation+problèmes+financiers+actue
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